La prise de conscience est rapide : la sécheresse influence les comportements dans la gestion de l’eau. Conséquence, les industriels, les collectivités locales et les particuliers se ruent sur les collecteurs d’eau de pluie. Un acte écologique et d’économie financière.
Les magasins en rupture de stock de récupérateur d'eau
Les récupérateurs d’eau ont le vent en poupe. Face à la demande, les distributeurs connaissent une rupture de stock « On a été dévalisés sur les 15 derniers jours » confie Rémy Piselli, chef de secteur matériaux chez Castorama. « Avec les orages qui sont annoncés, on n’a plus grand-chose à vendre ». Quatre ou cinq produits trônent encore sur les étagères. Il y a trois semaines, il y en avait quarante. Les 300 et 500 litres aux alentours de 100 à 150 euros l’unité sont les volumes les plus demandés.
Un couple s’approche du rayon et s’adresse au vendeur. « On n’a pas pu arroser cette année, nos fleurs font la tête, on vient pour se renseigner » indique Christiane Venard. Son mari poursuit « Lorsqu’on lave la salade, on a l’habitude de récupérer l’eau dans une coupelle, alors là, une cuve de 300 litres, c’est autre chose ! »
Les récupérateurs d'eau de pluie se multiplient dans les jardins
Dans les jardins familiaux de Fleury-Sur-Orne, des bidons bleus jalonnent les allées. Il y en a trois par parcelle. Une dotation effectuée par l’association qui gère le site pour encourager ses 69 cultivateurs. Mais ici, faute de pluie, les bidons sont remplis au tuyau. "On est limités à 600 litres par semaine" informent Michel et Thierry Royer, tous deux jardiniers à la retraite qui exploitent chacun un carré de jardin depuis quelques années. Les deux frères viennent d’habitude le matin avant 10 heures pour arroser. "On respecte la loi" disent-ils « On arrose le matin de bonne heure ou le soir après 20 heures. Aujourd’hui, nous sommes venus dans l’après-midi car il y a toujours à faire: biner, sarcler, enlever les mauvaises herbes … » A défaut de pouvoir arroser, Michel est en train de refaire le plein d’un de ses conteneurs. « La chaleur fait baisser le niveau de l’eau naturellement » dit-il avec paradoxalement le tuyau d'arrosage à la main.
« Nous avons décidé d’attribuer 600 litres d’eau de ville par jardinier à consommer dans la semaine » confie Jeanine Mullois, Présidente de l’association. "S’il y a besoin de plus, les récupérateurs d’eau de pluie reliés aux gouttières des cabanons et d’une contenance de 1000 litres viennent pallier le manque ».
Et par les temps qui courent, il n’y a jamais assez d’eau.
"Pour avoir de beaux légumes, il faudrait arroser deux fois par jour »
Christian Leneveu, fier de gérer son eau de pluie au mieux.
Gérer l'eau de pluie, tout un art
Sur une parcelle voisine, les légumes ont bonne mine. Notre cultivateur, plus aguerri aux techniques de jardinage, récolte des tomates toute les semaines. Il confie quelques secrets : « Je cultive des tomates hybrides moins gourmandes en eau. Mais surtout, je fais un travail de préparation important. Pour ces tomates par exemple, j’ai creusé préalablement une tranchée que je rempli d’or brun, un fertilisant naturel efficace. » Il en oublie l'aspect visible de l'entretien, des pieds couverts de paillis et cerclés de plastique pour maintenir l’humidité. « Pour le reste de ma production, j’enrichis le terrain avec du fumier de cheval ... J’ai déjà récolté 50 kilos de pommes de terre !" précise-t-il avec le sourire devant un panier de légumes préparé amoureusement pour sa fille.