Cédric. P est jugé depuis ce mardi 17 septembre 2024 à la cour d'assises de Rouen. L'homme de 38 ans est poursuivi pour un double homicide, celui de son ex épouse et du nouveau conjoint de celle-ci. Il nie toute préméditation dans cette affaire.
L'homme de 38 ans entre dans la salle d'assises avec discrétion, le regard baissé. Cédric.P comparait libre sous contrôle judiciaire. À la barre, il se défend d'avoir voulu tuer son ex-épouse et le nouveau conjoint de celle-ci : "Je reconnais avoir ramené l'arme, mais je ne reconnais pas les faits d'assassinat".
La préméditation a pourtant été retenue dans ce dossier. Dans la nuit du 4 au 5 février 2019, Cédric. P avait fait irruption au domicile de son ex-femme, vers une heure du matin, armé d'un fusil de chasse contenant deux balles.
Le couple est mort sur le coup
Il avait tiré à bout portant sur Caroline Noureux et son nouveau compagnon, Christophe Granger. Le couple était mort sur le coup.
Cédric.P avait aussitôt prévenu la mère de la victime, son ancienne belle-mère, et s'était dénoncé à la gendarmerie.
"Je voulais me suicider", affirme-t-il. Ce soir-là, il ne cessait de répéter : " je suis désolé, je suis désolé."
L'ancien manipulateur en radiologie, détenteur d'un permis de chasse depuis l'âge de 16 ans avait expliqué aux enquêteurs le soir des faits qu'il avait découvert sur le compte de son ex-épouse une commande de lingerie, ce qui aurait ravivé sa douleur.
Il avait précisé avoir pris la route en direction du domicile du couple dans l'intention d'avoir une discussion avec son ex-femme et de se suicider devant elle. Il était alcoolisé au moment des faits.
Sur les lieux, une bousculade aurait éclaté, selon lui, tandis que la jeune infirmière et son nouveau compagnon tentaient de le désarmer et que les coups de feu seraient partis accidentellement au cours de l'altercation.
Une thèse soutenue par son avocat, Fabien Picchiottino :
"Même s'il est allé sur place avec un fusil armé et que malheureusement deux personnes sont mortes, il y a des éléments qui démontrent qu'au moment où il part de chez ses parents, il n'a pas l'intention de tuer quiconque".
"On ne peut pas tirer et contester avoir tué "
Ce scenario est réfuté par l'avocate de la famille de l'une des deux victimes, Christophe Granger.
Rose-Marie Capitaine souligne qu'en ce premier jour de procès, Cédric.P n'a d'ailleurs eu aucun mot pour les familles. Elle évoque leur incompréhension : "Ils ne peuvent pas accepter la thèse qui consiste à dire : j’avais un fusil mais si les coups sont partis, c'est parce que ce sont eux, Christophe et Caroline, qui tiraient le fusil vers eux, déclare-t-elle. Je ne vois pas comment on peut tirer et contester avoir tué."
Reportage de Mélisande Quéinnec, Pierre Léonard et Pierre Cadinot :
" Je suis têtu mais en aucun cas violent"
Au cours de l'examen de sa personnalité, ce fils d'un policier à la retraite, s'est décrit devant la cour d'assises comme "têtu", " monsieur je sais tout", mais "en aucun cas violent ". "Je suis aimant, passionné, curieux. Je n'aurais jamais cru me retrouver ici un jour, devant des personnes qui m'ont été proches. C’est vraiment très compliqué pour moi", a-t-il déclaré.
Cédric. P était séparé de sa compagne depuis plusieurs mois après une relation chaotique de sept années, marquées par la naissance d'un enfant, âgé de six ans au moment des faits. La séparation avait généré de vives tensions, notamment lorsque Caroline avait retrouvé un compagnon.
Devant la cour, Cédric P. se défend pourtant d'être possessif ou jaloux, il estime avoir "un cœur d'artichaut, trop bon, trop con".
Le meurtrier présumé encourt la réclusion à perpétuité. Le verdict sera rendu vendredi 20 septembre 2024.