Il est accusé d’avoir assassiné son ex-compagne et le nouveau conjoint de cette dernière en 2019 à Eu (Seine-Maritime). Aujourd'hui âgé de 39 ans, Cédric P. est jugé à partir de ce mardi 17 septembre 2024 à la Cour d'assises de Rouen. Il encourt la réclusion à perpétuité.
Les faits se sont produits dans la nuit du 4 au 5 février 2019, vers 1h30 du matin. Cédric P. fait irruption au domicile de son épouse, Caroline Noureux, et de son nouveau compagnon, Christophe Granger, armé d’un fusil de chasse. Il tire ensuite deux balles à bout portant. Le couple meurt sur le coup.
Dans la foulée, le meurtrier présumé joint par téléphone la mère de la victime ainsi que la gendarmerie.
Au moment des faits, Cédric P. et Caroline Noureux sont en instance de divorce, séparés depuis plusieurs mois après une relation chaotique de sept ans, marquée notamment par la naissance d’un enfant. Une séparation source de vives tensions, l’un accusant la famille de l’autre d’y avoir contribué.
Une "commande de lingerie fine" à l'origine de ce double assassinat
Aux autorités, l’accusé, manipulateur en radiologie de profession et inconnu de la justice, évoque la découverte "d’une commande de lingerie fine", faite par Caroline Noureux peu avant les faits. Il nie l’intentionnalité des tirs, dit n’avoir simplement pas supporté qu’elle refasse sa vie.
Il affirme par ailleurs s'être d'abord déplacé au domicile de ses beaux-parents pour se suicider, avant de changer d'avis et de se rendre à celui du couple, pour la même raison. Le parquet requiert toutefois sa détention provisoire en 2019.
Incarcéré à Rouen, quatre années durant, Cédric P. fait l'objet de plusieurs expertises psychiatriques. L'homme fait preuve d'une "froideur affective surprenante" et esquisse des sourires "pas toujours à-propos", détaille Maître Stéphanie Audra-Moisson, l’avocate des parents et des frères de Caroline Noureux.
Cédric P. va comparaître libre
Le 6 février 2023, Cédric P. est libéré de la maison d'arrêt de Rouen et placé sous contrôle judiciaire. Il rentre alors dans son département d'origine, la Somme, où il réside près d'Abbeville.
Naît alors un nouveau traumatisme chez les familles des deux victimes. "C’est une grande souffrance d’imaginer qu’il soit remis en liberté. Le deuil ne pourra se terminer que lorsqu’une décision de justice sera posée", commentait alors à notre micro Me Audra-Moisson.
Revoir notre reportage du 03/02/2023 sur la remise en liberté du principal suspect :
Pourquoi, alors, cette remise en liberté ? Elle correspond à une stricte application de la loi. La détention provisoire, d’une durée maximale de quatre ans, n'est renouvelable que sous des conditions très strictes. Elle s’applique en principe le temps de clore l’instruction, et jusqu’au procès.
Mais dans l'affaire Cédric P., un cas très isolé, l’instruction a été interrompue. Le magistrat instructeur est tombé malade ; les arrêts maladie se prolongent, et son remplacement est décidé tardivement.
"La chambre de l’instruction aurait pu tordre la loi et dire que (sa) sortie de prison entraînait un risque d’une particulière gravité, sauf que ce n’était pas le cas. La cour a simplement fait appliquer la loi", relevait Me Fabien Picchiottino, avocat de Cédric P., en 2023.
"Il y a eu un concours de circonstances qui fait que le juge n’a pas pu, dans les quatre années, clore le dossier. C’est un raté important de l’instruction."
Le verdict connu en fin de semaine
Cédric P. est donc jugé à partir d'aujourd'hui et pour quatre jours à la Cour d'assises de Rouen, un procès à suivre sur nos antennes et sur le web.
Le verdict sera connu vendredi 20 septembre prochain. Poursuivi pour double assassinat avec préméditation, l'accusé encourt la réclusion à perpétuité.