Son patron, boucher dans l'agglomération rouennaise était à ses côtés : Adama Ballo vient d'apprendre qu'il serait finalement régularisé, lui qui craignait l'expulsion.
C'est leur avocate, Blandine Quevremont, qui les a prévenus ce mardi 27 décembre 2022 : Adama Ballo a obtenu gain de cause, il sera prochainement régularisé. Un soulagement immense pour ce jeune boucher malien âgé de 20 ans qui était sous le coup d'un Obligation de quitter le territoire français.
Autour de lui, un collectif s'est monté pour le soutenir et en première ligne, son patron, un boucher de Darnétal. Adama a suivi son apprentissage à ses côtés, il est depuis en CDI dans la boutique "La Boucherie d' Alex". Chaque jour, les clients demandaient des nouvelles de sa procédure.
"Bonne nouvelle !!! Adama va être régularisé. Il recevra ses papiers d'ici 1 mois. Merci à tous pour vos soutiens sous toutes leurs formes"
Le tribunal administratif a le dernier mot
En juin dernier, le maire de Rouen, Nicolas mayer-Rossignol, sollicitait la Préfecture lui demandant de revenir sur sa décision. Une pétition en ligne a récolté près de 40 000 signatures.
Arrivé à Rouen comme mineur isolé, Adama s'est formé au métier de boucher avant d'obtenir un contrat à durée indéterminée. Si tout semblait favorable pour le renouvellement de son titre de séjour, lors de l'examen de son dossier, la préfecture avait conclu que son extrait d'acte de naissance n'était pas conforme. Selon la réglementation en vigueur, le préfet de la Seine-Maritime avait donc refusé la délivrance d'un titre de séjour sur la base d'éléments d'identité frauduleux.
Pour des raisons de sécurité intérieure, cette position est systématiquement appliquée lorsque l'identité (et donc le passé) du demandeur ne peut être établi avec précision.
Aucun appel de la décision formulé
Dès lors que le tribunal administratif considère que le degré d'insertion permet de surmonter cet obstacle, le préfet ne fera pas appel de la décision et délivrera le titre de séjour à l'intéressé. Compte tenu de la situation - Adama remplit bien les conditions - aucun appel de la décision ne sera formulé.
C'est le tribunal Administratif qui impose à la Préfecture de lui accorder sa régularisation dans un délai d'un mois, ainsi que le versement d'une indemnité de 1 000 euros. Adama recevra une carte de séjour temporaire, portant la mention Vie privée et familiale.
"Adama, il est content, il est soulagé, il sait qu'il va pouvoir rester et travailler. Nous, on a la sensation d'avoir oeuvré pour quelque chose de bien. C'était une situation ubuesque !" nous précise son patron Irwin Lafile, joint par téléphone.