Pour communiquer, travailler, écouter de la musique ou encore cuisiner, ils passent en moyenne quatre à cinq heures sur leur smartphone chaque jour. Pour se tester, Badi Benali et Léo Gervais se sont privés de leur précieux compagnon pendant 24 heures, à l'occasion de la journée mondiale sans téléphone portable.
« C’est avant tout un challenge, aujourd’hui, on est limite accro à nos téléphones. » Passer 24 heures sans son téléphone portable, Léo Gervais, étudiant à l’INSPE de Rouen pour devenir professeur d’éducation physique et sportive à Rouen, l'a testé pour France 3 Normandie à l'occasion de la journée mondiale sans téléphone portable, mardi 6 février 2024.
Un défi aussi pour le tiktokeur Badi Benali, créateur de contenus sur les réseaux sociaux. « Sans téléphone je ne pourrais pas faire mon travail, avoue-t-il. Mais je pense que je ne suis pas un gros utilisateur en dehors du temps que je passe dessus pour travailler. »
Léo Gervais et Badi Benali ont alors remis leur smartphone à notre journaliste, Arthur Deshayes, pendant 24 heures, le temps de l'expérience.
12h00. Début du challenge sans grande crainte
La page Tiktok de Badi Benali cumule 1,2 million d’abonnés et près de 100 000 sur Instagram. Une passion pour celui qui publie entre trois et cinq vidéos humoristiques par jour sur ses applications de réseaux sociaux.
@badi_benali Mon reve de comprendre la dispute, ca a lair croustillant 🫣
♬ original sound - AKŞİN44
Le créateur de contenus participe à l’expérience pour connaître son niveau d’accoutumance, « voir comment je vais faire pour communiquer, pour dire à quelqu’un que j’arrive, bien sûr j’ai créé et programmé des contenus en avance », confesse-t-il.
Le smartphone lui permet de faire la veille des tendances, voir ce qui marche sur les réseaux pour ensuite proposer ses propres contenus.
« Le téléphone est très présent pour filmer mes vidéos et j’ai mes petits moments où je scrolle pour mon plaisir mais c’est rare », se défend Badi.
« On est obligés de revenir à l’ancienne, analyse Léo. J’ai prévenu mes parents et deux ou trois amis qu’il ne va plus falloir me contacter ou alors par La Poste à la limite ! », plaisante l’étudiant. Le jeune homme envisage même de rester chez lui et écarter l’idée de sortir sans moyen de communication.
17h00. En quelques heures, premiers enseignements
Avec 4h20 d’utilisation quotidienne de son téléphone portable, Léo se situe dans la moyenne nationale qui est de 3h36 selon Data.ai, société internationale d'analyse d'applications et de données.
« C’est vraiment le couteau suisse, j’ai tout sur mon téléphone de A à Z, pour trouver une recette de cuisine, je peux contrôler des enceintes, ça se transforme en télécommande pour la télé sans problème. »
Tout le monde a la tête baissée sur son téléphone et personne se parle.
Léo Gervais, étudiant à l'Institut national supérieur du professorat et de l'éducation
Cinq heures après le début de l’expérience, l’étudiant prend déjà conscience de l’effet du smartphone sur la vie sociale. « Tout à l’heure, sans mon téléphone j’ai pu lever la tête et regarder autour de moi, ça m’a sauté aux yeux : tout le monde a la tête baissée sur son téléphone et personne se parle », signale Léo.
Le futur professeur souhaite déjà limiter son utilisation et s’interroge sur l’utilisation de l’appareil chez les plus jeunes, « j’ai vocation à être enseignant et on se rend compte que le téléphone chez les élèves c’est limite même pire que pour nous et ça peut être une bonne chose que ce soit réglementé jusqu’à un certain âge ».
Pour Badi Benadi, qui est également community manager pour une entreprise privée, au début c’est plutôt facile, « ça m’a permis de rigoler avec mes collègues », remarque-t-il. Mais à la sortie du travail, le réflexe revient très vite. « Checker les notifications, checker ce qu’on va faire après le travail, il est où l’after work ? », s’amuse-t-il.
12h00. Après 24h, du temps pour soi
« Hier soir, c'était le plus dur parce que c’est le moment où on est le moins occupé de la journée et j’ai ressenti le manque mais ça s’est fait », confie Léo. Le jeune homme a eu la bonne surprise de se réveiller naturellement, avant que le réveil de substitution ne sonne, « ça m’arrive jamais mais mon cerveau s’est dit il faut que tu te réveilles », s’étonne-t-il.
Hier, je me disais que je n’étais pas addict mais en fait j’ai ressenti le manque.
Badi Benadi, créateur de contenus
« C’était un peu compliqué pour dire la vérité, analyse le créateur de contenus. Je devais retrouver des factures et pour me connecter sur ma boîte mail ça m’envoie un message sur mon téléphone donc j’ai rien pu faire », déplore-t-il.
« Pour le réveil, je me suis senti perdu et pour arrêter mes alarmes j’ai dû sortir du lit ! » avoue-t-il. Pas de téléphone au réveil, pour Badi cela signifie pas d’infos. « J’osais même pas allumer la télé, donc c’était très vide. »
Dans le bus, ni radio, ni musique, si ce n’est celle des autres. Un peu de stress, sans savoir sur quoi se concentrer. « J’entendais les musiques des gens à travers les écouteurs, j’entendais le bus grincer, c’était très très long. »
Quelles leçons en retirer ?
Pour Léo et Badi, même constat à l’arrivée. Du temps. Du temps pour soi, pour réfléchir. « J’ai remarqué que j’étais beaucoup plus productif dans ce que je faisais. Il faut trouver des choses à faire, réinventer ce qu’on faisait de base », analyse le futur prof. « D’habitude je scrolle dans mon lit et là je me suis levé direct et j’étais près 20 minutes plus tôt » conclut-il.
« Il y a beaucoup de moments dans la journée où on peut éviter surtout quand tu as des interactions avec les gens, observe Badi. On a tendance à sortir le téléphone pour checker l’heure, les notifications, et on perd le fil de la conversation. On est en train de rentrer dans la phase où c’est compliqué de s’en passer mais c’est rattrapable je pense. »
Pour Badi c’est promis, moins de temps sur le smartphone, sauf dans les transports en commun pour écouter de la musique. Et vous, seriez-vous prêt à passer 24 heures sans portable ?