Changement climatique : un scientifique rouennais arrêté en Allemagne après s'être collé la main sur une voiture de luxe

Depuis plusieurs semaines les activites multiplient les actions coups de poing pour alerter sur le changement climatique. Marceau Minot, scientifique rouennais s'est collé la main sur une voiture BMW à Munich pour dénoncer le greenwashing de la firme allemande.

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La main collée sur la carrosserie d'une berline allemande, Marceau Minot interpelle le public. Avec une quinzaine d'autres scientifiques européens, le rouennais a mené une action de désobéissance civile dans un showroom de la marque de voitures allemandes BMW. "Avec le collectif Scientist Rebellion nous avions pris rendez-vous [sans révéler notre véritable identité] pour approcher la BMW M8. Un premier scientifique est rentré dans la berline et s'est collé les mains au volant. Nous avons ensuite fait la même chose tout autour du véhicule", raconte Marceau Minot. 

Le modèle électrique de la marque n'est, selon lui, pas neutre en émissions de gaz à effet de serre. "Une voiture de plusieurs tonnes consomme inévitablement de l'énergie, notamment durant son processus de fabrication. Je suis choqué de voir une affiche '0 gr. de CO²' juste à côté de cette berline", s'insurge-t-il.

Sur plusieurs voitures exposées, les militants ont placardé des articles scientifiques mettant en lumière l'importance du processus de décarbonation. "Les constats sont faits depuis des dizaines d’années, on n’a pas d’autres choix que de sortir de nos laboratoires et d'agir", souligne le docteur en écologie rouennais qui avait déjà participé à une autre action au Museum d'Histoire Naturelle de Paris en 2021. 

« Il est important d’alerter la société quels que soient les moyens »

Les militants sont restés une dizaine de minutes autour de la voiture avant d'être évacués par les services de sécurité et la police allemande. Une action courte mais très médiatique. "Je n'ai pas de bonne solution pour alerter la population sur le dérèglement du climat", confesse Marceau Minot. Et sur l'impact qu'a son action sur les citoyens, il ballait : "il est important d'alerter la société quels que soient les moyens. [...] Il s'agit d'une manière pacifique d'occuper le terrain." 

Depuis 100 ans, les émissions de CO² ont explosé. Selon un dernier rapport de Météo-France et du CNRS, les températures pourraient augmenter de 3,8 degrés à l'horizon 2100 par rapport au début du XXème siècle.

"Nous en tant que scientifiques, ça fait 40 ans qu’on alerte sur le changement climatique. On a perdu beaucoup de temps", s'alarme M. Minot. Il dénonce également le traitement médiatique des questions climatiques : "durant des années on a opposé des climato-spectiques à des scientifiques sur les plateaux TV ou dans les journaux. Mais il y a consensus, le dérèglement est réel". 

Les activistes présentés devant un juge en Allemagne

Après deux jours de détention, les militants ont été convoqués devant la justice allemande pour répondre de leurs actes. "On nous a expliqué que notre geste menaçait l'état, que nos actions étaient criminelles, raconte le rouennais, mais qui sont les vrais criminels ? Ceux qui alertent ou ceux qui laissent faire ?", se justifie-t-il. Depuis, Marceau Minot a été libéré et est rentré en France. Lui comme les autres activistes risquent une amende. BMW a porté plainte et réclamerait jusqu'à 1 million d'euros pour les dommages causés, "une somme astronomique", estime le scientifique rouennais. 

Reprenant à son compte les mots d'Albert Einstein, "ceux qui ont le privilège de savoir, on le devoir d'agir", Marceau Minot ne regrette rien de son action contre BMW. Il se réjouit également d'être soutenu par la communauté scientifique qui a publié une tribune de soutien sur le site de FranceInfo. "Désespérés devant l'inertie, voire l'indifférence générale, en conflit avec leur mission de service public qu'ils voient ainsi désavouée, ces scientifiques ont décidé d'alerter le monde par une action symbolique non-violente et non-destructrice", soulignent notamment le millier de signataires de la tribune.

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