L’intelligence artificielle (IA) fait de plus en plus partie de notre quotidien. Aux urgences de l’hôpital de Louviers Elbeuf (Seine-Maritime), elle analyse les radios des patients pour appuyer le diagnostic des médecins.
Si vous avez passé une radio récemment à l’hôpital de Louviers Elbeuf, vos clichés ont certainement été traités par un logiciel d’intelligence artificielle. Dans cet hôpital, situé à une trentaine de kilomètres de Rouen, 30 000 radios sont faites tous les ans. Comme dans tous les services d’urgence, des patients sont accueillis pour des fractures ou des luxations.
Afin d'accélérer le diagnostic de la trentaine de médecins, le service utilise depuis septembre 2022 l’intelligence artificielle. Dès que la radio est faite elle est transmise à un logiciel en toute sécurité : "elle est anonymisée automatiquement puis envoyée sur un serveur par un ordinateur qui nous envoie les images avec l’interprétation et le marquage" précise le docteur Arnaud Proust.
L’analyse de l’intelligence artificielle est réalisée en 2 minutes ce qui représente un progrès non négligeable pour l’équipe médicale :
C’est un gain de temps qui permet parfois de voir plus de malades mais surtout de passer plus de temps avec les patients pour leur expliquer ce qu’ils ont.
Docteur Arnaud Proust
Une validation systématique faite par le médecin
Même si le logiciel est très fiable et rapide, l’ultime interprétation des radios est réservée aux médecins : "c’est un filet de sécurité qui permet de ne pas passer à côté de petites fractures surtout si on est fatigué ou qu’on est pressé de sécuriser la prise en charge. L’un des intérêts premier, c’est que quand elle dit qu’il n’y a pas de fracture, on peut être à peu près certain qu’il n’y en a pas" ajoute le médecin.
Dans 99,5 % des cas lorsque le logiciel indique que l’examen est négatif, il ne commet pas d’erreur.
L’intelligence artificielle permet de mieux analyser des zones compliquées où il y a beaucoup d’os, comme le poignet ou le pied.
Comment fonctionne l'IA ?*
L'intelligence artificielle fonctionne grâce aux algorithmes et aux données massives (big data). Les algorithmes sont une suite d’opérations et/ou de règles formelles effectuées par un programme informatique pour résoudre un type de problème donné. Plus concrètement, ces programmes informatiques imitent des modes de raisonnement faisant appel à l’intelligence. Autre élément indispensable le big data. Dans le domaine de la santé, les données numériques se multiplient : dossiers de l’Assurance maladie, fichiers des causes de décès ou du système national des données de santé, dossiers médicaux de patients (résultats d’examens et d’imagerie, comptes rendus chirurgicaux, protocoles thérapeutiques…), etc. À quoi s’ajoutent encore les données issues de programmes de recherche.
Dans le domaine de la cancérologie, l'IA risque de bouleverser les diagnostics. Concernant la chirurgie cardiovasculaire, le Samu travaille à l’adaptation francophone d’un programme danois d’IA capable d’aider les opérateurs du 15 à détecter un arrêt cardiaque grâce à l’analyse, en temps réel, de signaux verbaux (mots-clés) et non verbaux (intonation de la voix, rythme de la respiration, etc.).
Il existe aussi des programmes de recherche en santé mentale afin de détecter précocement une schizophrénie ou une psychose chronique afin de mettre en place une prise en charge psychiatrique préventive et personnalisée.
* source : frm.org (fondation pour la recherche médicale)