COVID-19 : Un partenariat public-privé dans la métropole de Rouen

C’est un reproche qu’on leur avait fait lors de la première vague du COVID. Le secteur public et le secteur privé de la santé n’ont pas toujours été capables de travailler ensemble. Les professionnels en ont tiré les enseignements. Ils sont désormais partenaires.
 

Un chirurgien du CHU de Rouen qui va opérer ses patients à la clinique Mathilde. Un médecin réanimateur de la Clinique Saint-Hilaire, qui passe 15 jours à l’hôpital public pour renforcer les équipes. Des transferts de patients COVID en situation stable pour libérer des places pour de nouveaux patients instables. Voici des exemples inédits de ce qui se pratique en ce moment dans le secteur de la santé.

Confronté à une surcharge d’activité en raison de la 2ème vague COVID, le CHU de Rouen collabore avec une quinzaine d’établissements de son territoire afin de répartir les patients : L’hôpital de Darnetal, celui de Bois-Guillaume font déjà partie du groupement hospitalier de territoire. En plus, les coopérations sont amplifiées avec les cliniques privées : le Cèdre, Saint-Hilaire, l’Europe et Mathilde.

40% des opérations reprogrammées


Ces dernières qui font partie du groupe Vivalto Santé ont dégagé des moyens pour prendre en charge une partie de l’activité du CHU, comme explique le directeur de la clinique de l’Europe, Jean-Pierre Danau :

Nous avons armés 8 lits de réanimation (pouvant aller jusqu’à 12 lits). Nous avons également ouvert 12 lits de médecine COVID et des lits en post COVID en Soins de Suite et de Réadaptation. Mais la clinique a dû déprogrammer des opérations à hauteur de 40% et demander aux confrères de Mathilde et de Saint-Antoine de prendre certains de nos patients.

C’est ainsi tout le groupe qui participe à l’effort général.

Au total, le CHU de Rouen peut compter depuis le début de la 2ème vague sur 40 lits pour des malades COVID en médecine et 43 lits COVID pour des Soins de Suite, dans les autres établissements du territoire.  Ce qui a permis le transfert de 62 patients. Par ailleurs, 16 patients ont pu être hospitalisés à domicile grâce à l’oxygénothérapie rendue plus facile grâce une procédure sécurisée du SAMU.

Mais il ne faut pas penser uniquement en terme de disponibilité de lits comme le rappelle le Professeur Loïc Marpeau, président de la Commission Médicale d’Etablissement de l’hôpital :

Il faut résonner également en terme de personnel médical et paramédical. Tel établissement peut ne pas avoir de structure médicale pouvant accepter du COVID. Mais à l’inverse, cet établissement peut nous adresser du personnel pour venir renforcer nos rangs.

C’est ainsi que 38 praticiens du CHU se sont rendu dans les cliniques de l’agglomération, pour pratiquer des opérations qui ne pouvaient pas attendre.

Sur la pointe de Caux, un partenariat similaire a été mis en place entre le Groupe Hospitalier du Havre, et l’Hôpital Privé de l’Estuaire.
 
Reportage : M.Weber /M. Benoist

Dans l’agglomération rouennaise, si c’est bien le CHU qui centralise le dispositif, la collaboration se passe bien : « Nous avons des réunions régulières avec les établissements privés de Rouen et le CHU. Contrairement à la première vague, notre territoire a été bien plus touché, donc nous nous sommes organisés, et maintenant nous sommes en place et opérationnels » explique Jean-Pierre Danau, directeur de la clinique de l’Europe.

Cette crise sanitaire exceptionnelle a ainsi vu naître des fonctionnements exceptionnels. Ainsi, deux univers qui vivaient en parallèle, ne se comprenant pas, se méprisant parfois, doivent maintenant travailler ensemble. C’est une demande express du ministre de la santé Olivier Véran. Les cliniques privées n’interviennent plus maintenant en second rideau, comme c’était le cas en mars dernier. Elles prennent actuellement en charge 30% des patients de réanimation, au niveau national.

Et demain ?


Reste à savoir ce qui restera de cette belle collaboration une fois la crise passée ? Le COVID a révélé les forces et les faiblesses du public et du privé. Pour Loïc Marpeau, président de la CME du CHU de Rouen, le constat est là : « Dans une pandémie comme celle que nous venons de vivre, nous ne pouvons pas digérer tous les soins critiques de l’ensemble de l’agglomération, voire de l’ex Haute-Normandie. La leçon du COVID est que nous aurions besoin de revoir les équilibres en réanimation, en soins médicaux, en soins d’urgence, etc. J’aimerai beaucoup que suite à cette expérience que nous venons de faire tous ensemble, on progresse largement vers le rééquilibrage des capacités et des qualités des uns et des autres. »
 
L'épidémie en chiffres
Les dernières informations communiquées hier soir (24/11),par l’Agence Régionale de Santé le confirme, le pic de la 2ème vague a été atteint même si la tension sur le secteur hospitalier reste forte. A ce jour, 1369 personnes sont hospitalisées dans notre région (dont 148 en réanimation).
On constate un ralentissement du nombre d’admissions à l’hôpital. Le taux d’incidence : 135,77 /100 000 habitants et le taux de positivité 12,04% au test décroissent eux aussi.
Une évolution qui traduit l’efficacité des mesures prises sur l’épidémie.
 
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