Cyberharcèlement : les dangers des réseaux sociaux expliqués aux parents d'ados

On les appelle la "génération girafe", le mammifère qui dort le moins et surveille le plus son environnement... comme les ados d'aujourd'hui, scotchés à leur portable. Une conférence, à Grand Quevilly, a permis d'expliquer aux parents les risques des réseaux sociaux et du cyberharcèlement. 

Les adolescents d'aujourd'hui, la "génération girafe",  restent vissés à leur portable en attente d'un message, d'un commentaire, d'un like. Or, ces réseaux sociaux peuvent aussi servir à humilier quelqu'un, l'insulter, le déstabiliser ... on appelle ça du cyberharcèlement. Il concernerait 15 à 25 % des jeunes connectés. La commune de Grand Quevilly, près de Rouen organisait ce mardi 5 février une conférence sur le sujet, une cinquantaine de personnes l'ont suivie, parmi elles, beaucoup de parents et quelques adolescents.
 

Mes enfants, en classe de 3ème et 6ème, sont très concernés par les réseaux sociaux, je voulais leur montrer les dérives possible, ils ne se rendent pas forcément compte. Je pense qu'une voix extérieure sera plus marquante et moi aussi je vais découvrir des choses - Laëtitia, mère de Mathéo et Lilou.

 

Moi, ça m'effraie, pendant mon cours, les élèves vont aux vestiaires, dans des coins cachés, il y a des choses que je ne maîtrise pas. Depuis 15 ans que j'enseigne, j'ai déjà connu des histoires de photos volées et mises sur les réseaux, un prof aussi s'était fait insulter par d'anciens collégiens. Mes élèves ont aussi filmé un clip dans les vestiaires, il faut surveiller ces pratiques - Muriel, professeur d'EPS.

Les mécanismes du harcèlement

Plus de 500 000 enfants sont harcelés en France, la majorité d'entre eux sont collégiens, c'est le "pic" de la période à risques. Le harcèlement scolaire concerne notamment les enfants différents. 

Par exemple, un enfant qui vient d'emménager et qui n'a pas le même accent ou encore, un autre qui est apprécié des professeurs, un élève qui n'a pas les mêmes centres d'intérêts que la majorité, ou un physique différent . Ce sont souvent les cibles des harceleurs, cette pratique est forte au collège mais on en trouve de plus en plus souvent dès le primaire - Bertrand Lefebvre, Psychologue social - Ennoia Mundi.


Moqueries, rumeurs, diffamations ... le harcèlement est multiforme

Les conférenciers du cabinet rouennais Ennoia Mundi ont décrit les différents types de harcèlement. 
  • Le harcèlement direct : ce sont les coups, les moqueries, les surnoms, les insultes. Les agresseurs sont plutôt des garçons.
  • Le harcèlement indirect : ce sont les rumeurs, les "gossip", les ragots, c'est une violence moins visible. Les agresseurs sont plutôt des filles.
  • Le cyberharcèlement : c'est de la diffamation, du partage de photos, de vidéos génantes, humiliantes. Les agresseurs sont filles et garçons.

Il y a un lien fort entre les différents harcèlements : près de 75 % des cyberharcèlements proviennent du milieu scolaire.


Le problème du harcèlement sur les réseaux sociaux, c'est que c'est beaucoup plus viral : en 15 minutes, une centaine de jeunes ont eu accès à une photo humiliante par exemple. Il y a donc une répercussion de masse et une anonymisation, il y a un effet déletaire - Bertrand Lefebvre, conférencier.


"Cétait qu'une blague au début ..."

Dans le court-métrage réalisé par des jeunes d'Evreux, Cassandre pense écrire à un Simon et finit par lui envoyer une photo sensuelle, un "nude". Mais en face, ce n'est pas un Simon qui reçoit tous ses messages mais un groupe de jeunes qui se fait passer pour le jeune garçon. La blague tourne vite au drame, quand la jeune fille dupée se rend compte de la trahison. 

Le harcèlement sur les réseaux a une caisse de résonnance énorme, une blague potache (MDR, LOL) peut prendre une ampleur démesurée.

Ce cyberharcèlement, souvent répété, fait du mal. La souffrance est plus importante que dans le harcèlement direct : le développement de syndrôme paranoïaque est plus fort que dans un harcèlement scolaire classique. Sur les réseaux, on ne sait pas d'où vient l'attaque, ça peut vraiment déclencher de la paranoïa sur un terrain potentiellement fragile - Bertrand Lefebvre, psychologue social.


15 à 25 % des jeunes seraient concernés

Selon les conférenciers du bureau Ennoia Mundi, 15 à 25 % des jeunes seraient concernés par le cyberharcèlement. Les réseaux sociaux les plus à risques sont les favoris des ados : Instagram en tête puis Snapchat, voire Périscope et Discord, l'équivalent de Skype.
Facebook a été délaissé par les jeunes : depuis 2011, 11 millions d'utilisateurs ont quitté cette application.

Snapchat, c'est trompeur, on pense que c'est éphémère que les photos et les vidéos disparaissent au bout de quelques dizaines de secondes. Mais c'est faux, quand on veut embêter quelqu'un, on peut faire un "screen", une capture écran pour enregistrer une vidéo humiliante et la remettre sur d'autres réseaux - Génestia Giachino-Bason, cabinet Ennoia Mundi


Waouh ! C'est encore pire que ce que je pensais ...

A la sortie, les parents, dont beaucoup de mères, sont plutôt alarmés. Déjà conscients des problèmes liés au harcèlement scolaire, l'ampleur donnée par les réseaux sociaux les rend encore plus inquiets.

Waouh, c'est encore pire que ce que je pensais. Je n'ai qu'une envie en sortant de ce débat, c'est d'aller parler à mes enfants. On sait qu'il se passe des choses, mais là on nous rappelle qu'il n'y a pas de solution miracle, il faut en discuter. Mais discuter je le fais déjà, ça fait peur, on est impuissants - Fanny, maman de jumeaux scolarisés en 6ème. 

C'est une certitude : beaucoup de choses m'inquiètent et je le suis toujours, même après cette conférence. Même en veillant, il y a des choses qui nous échappent - Laëtitia, mère de Mathéo et Lilou. 

Moi j'ai appris du vocabulaire, comme la génération girafe ou le cyberharcèlement. J'ai aussi vu les différentes façons de se faire harceler - Mathéo, élève de 3ème.

Je ferai plus attention, surtout des gens dont je m'entoure, mais c'est ce que je fais déjà sur les réseaux sociaux - Lilou, élève de 6ème.

Quelques pistes pour résister

Selon les conférenciers, l'interdiction n'est pas une réponse efficace. Reste le dialogue et la prévention en famille avec les parents, à l'école avec les professeurs et le repérage de tous les changements de comportements. Un jeune harcelé, en direct ou par les réseaux, peut perdre le sommeil, devenir anxieux, mélancolique. Il peut aussi avoir plus de conduites à risques ...etc. 
Un jeune harcelé aura aussi tendance à devenir lui-même harceleur. La frutration d'être victime pourra l'entrainer à son tour vers des pratiques de harcèlement, notamment sur les réseaux sociaux pour profiter de l'anonymat.
 


 

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