A la Cour d'Assises de Seine-Maritime, le procès d'un homme ressortissant étranger accusé de double meurtre et de viol se poursuit. Après l'examen des faits commis en décembre 2015 à Rouen, l'expertise psychiatrique de l'accusé est au programme de cette troisième journée.
A la Cour d'Assises de Seine-Maritime, s'ouvre ce mardi 2 avril le troisième jour du procès d'un homme ressortissant étranger accusé du double meurtre et de viol d’Elise Fauvel et de Julien Tesquet. Des faits commis dans la nuit du 19 au 20 décembre 2015 à Rouen.
Après les circonstances de la découverte des corps, il a été consacré cet après-midi à l'expertise psychiatrique de l'accusé.
Hier, la journée a été consacrée à l'étude détaillée des faits après une ouverture de procès particulièrement éprouvante, dévolue à l’examen de la personnalité trouble de Jean-Claude Nsengumukiza. Des faits qui s'appuient notamment sur les preuves, accablantes pour l'accusé, apportées par les caméras de vidéosurveillance et les analyses ADN.
Le profil de l'accusé, agé de 38 ans, pose toujours de nombreuses questions. Sorti de prison un mois avant le drame, il devait être expulsé. Lors de son passage à l'acte, il dit avoir été possédé par Satan.
Tout au long de la journée, l’histoire personnelle de l’accusé a donc été examinée. De son enfance au Rwanda, à son parcours cahotique à travers le continent africain jusqu’en Afrique du Sud, d’où il est parti avant d’arriver clandestinement au Havre.
A-t-il véritablement connu le terrible génocide des Tutsis en 1994 et dans quelles conditions? Difficile à établir au vu de ses réponses souvent confuses, même s'il n'a pas été avare de détails sur des points anecdotiques.
Menacé ou pas, il aurait traversé, selon son récit, plusieurs pays d’Afrique avant d’arriver en Afrique du Sud. Au Cap, il a ensuite embarqué clandestinement sur un bateau arrivé au Havre en juin 2002.
Un casier judiciaire déjà bien fourni
C'est lors de son séjour à Rouen, en foyer, que ses actes de délinquance ont commencé. Au total, son casier compte 14 mentions pour des faits entre autres de vols, de violences, d’infractions liées aux stupéfiants et de non respect de mesures de reconduite à la frontière. Il a également séjourné à Paris et en région lilloise. Sa première incarcération date de 2005.
Une évasion spectaculaire depuis le consulat du Rwanda et une libération plus tard, il a aussi brièvement séjourné en Belgique et aux Pays-Bas où il a été interpellé puis renvoyé en France.
En 2009, il est accusé d’avoir violé une femme après s’être introduit chez elle, par la fenêtre. Des faits qu’il a tantôt reconnu, mais qu’il a nié lors de cette première audience.
À sa sortie de prison, le 17 novembre 2015, Jean-Claude Nsengumukiza était sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français. Mais déjà, à la suite du rejet de ses demandes d’asile et de ses précédentes condamnations, il faisait l’objet de mesures de reconduite à la frontière.« Je ne suis pas un violeur », a-t-il martelé, devant des parties civiles médusées. Placé en détention provisoire puis condamné en 2011 pour ce viol, il s’est trouvé au cœur de plusieurs incidents : tentatives d’évasion et violences sur un codétenu.
Présenté dans divers consulats de pays africains, il n’a toutefois pas pu être expulsé en raison des doutes autour de sa nationalité véritable. En France, il s'est ainsi présenté sous 12 identités différentes.
Selon lui, sa forte consommation d’alcool et la prise régulière de stupéfiants serait la seule façon qu'il aurait trouvé pour supporter sa vie difficile. Il souffre d’ailleurs d’une maladie du foie due à son alcoolisme.
Au cours de l'audience, ses propos sur la nuit du drame sont restés souvent très évasifs et confus. Reconnaît-il avoir violé et tué Élise puis tué Julien ?
En tous cas, pour l’avocat général et les représentants des parties civiles, son profil relèverait d'un « manipulateur né ».« Je ne me souviens pas », a-t-il répété, poursuivant : Je suis dépassé par l’émotion. Je suis très touché d’être là, devant les familles. Je ne suis pas un monstre. Je ne suis pas venu pour emmerder la France ».
En ce mardi 2 avril, la journée était entièrment consacrée à l’exposé des faits qui ont eu lieu dans l’appartement d’Élise en décembre 2015, et ses déclarations y étaient très attendues.
Le procès doit s’achever ce vendredi 5 avril. Jugé pour « récidive de viol et récidive de meurtre précédé, accompagné ou suivi d’un autre crime », il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.