Les pneus usagés sont devenus un problème environnemental sur les exploitations agricoles où la FNSEA en a recensé 240 000 tonnes. Or, en se dégradant, leurs résidus sont ingérés par les bovins, provoquant de graves maladies. En Seine-Maritime à Foucarmont, des agriculteurs ont décidé de réagir.
Les pneus usagés sont-ils en voie de disparition dans les fermes et dans les champs ?
Utilisés pendant des années pour maintenir les bâches de protection des fourrages, les pneus usagés sont devenus un problème environnemental sur les exploitations agricoles. En se dégradant, les résidus de pneumatiques sont souvent ingérés par les bovins, provoquant de graves maladies. La FNSEA a ainsi référencé 240 000 tonnes de pneus dans les fermes.
Du coup, un plan d'action a été lancé. Les entreprises de la filière pneus usagés ont signé le 15 juillet dernier, une charte avec le ministère de la Transition écologique. Cela concerne les manufacturiers, les constructeurs automobiles et les distributeurs de pneus. Ils s’engagent à en collecter et valoriser jusqu’à 15 000 tonnes par an au niveau national, soit l’équivalent de 2,3 millions de pneus d’ensilage.
Ils financeront à moitié ces opérations selon un principe de guichet et mettront à disposition leurs ressources opérationnelles. La quantité à collecter est estimée à 800 000 tonnes d’après une estimation de l’Ademe qui remonte à 2006.
L’opération est baptisée « Ensivalor » et fonctionnera sur un mode associatif, réservée en priorité aux exploitants cessant leur activité, pour éviter des stocks orphelins, puis à ceux optant pour une autre technique.
En réalité, pour le minstère, collecter et valoriser les pneus d’ensilage s’avère un chantier colossal, sur le plan financier (traiter 800 000 t coûterait entre 120 et 160 M€) mais plus encore au plan technique, car il est difficile de trouver, en bout de chaîne, des voies de valorisation.
En Seine-Maritime, les agriculteurs ont donc décidé de s'y associer. A Foucarmont, les opérations de collecte commenceront en novembre et décembre prochain. Tous les pneus à recycler seront regroupés dans 8 sites dédiés. Ils seront ensuite acheminés vers un centre de reconditionnement avant d'être reyclés en cimenterie.« C’est un bon début, même si les choses se font un peu dans la précipitation », estime Jacky Bonnemains, directeur de l’association environnementale Robin des Bois, qui s’est associée à cette charte. Mais « l’opération durera 20 à 30 ans », ajoute-t-il, appelant les chambres d’agriculture et les collectivités locales à en financer une partie pour accélérer le mouvement, soulignant que ces tas de pneus sont aussi une source de prolifération des moustiques-tigres, qui s’y installent, et de pollution lors d’incendies.
La Seine-Maritime est l'une des zones les plus touchées avec près de 80 000 tonnes de pneus à recycler.