Les éleveurs de bovins utilisent des pneus pour lester les baches protégeant les fourrages. Problème : en broutant l'herbe, les animaux ingèrent des déchets platsiques. Une charte est signée ce lundi au ministère de la transition écologique pour assurer la collecte et le recyclage des pneus usagés.
C'est une pratique très répandue chez les éleveurs bovins. Et qui est pourtant nocive pour les animaux. Les "pneus d'ensilage", des pneus usagés, servent à lester les bâches protégeant les fourrages. Or les vaches, en broutant l'herbe et en mangeant du foin, avalent aussi des déchets métalliques et de plastique issus notamment de pneus dégradés par les UV et les intempéries, ce qui peut leur créer des maladies de type tumeurs et infections. Une charte signée ce lundi entre les acteurs de la filière du "pneumatique" constitue un premier pas vers la fin de cette pratique.
Jusqu'à 15 000 tonnes par an
Avec cet accord, manufacturiers, constructeurs automobiles et distributeurs de pneus s'engagent à collecter et valoriser jusqu'à 15.000 tonnes par an, l'équivalent de 2,3 millions de pneus d'ensilage. Ils financeront à 50% les opérations selon un principe de guichet, et mettront à disposition leurs ressources opérationnelles.On sera cependant loin du compte, la quantité à collecter étant estimée à plusieurs centaines de milliers de tonnes (800.000 tonnes, estimait en 2006 l'Ademe, l'Agence de maîtrise de l'énergie, qui doit faire une mise à jour). "C'est une première base", souligne le ministère, qui souhaite "une montée en puissance dans les années à venir". La secrétaire d'Etat Brune Poirson se rendait lundi dans la Creuse pour annoncer cette signature.
Opération "Ensivalor"
Cette opération, baptisée "Ensivalor" et opérant sur un mode associatif, sera réservée en priorité aux exploitants cessant leur activité (pour éviter des stocks orphelins) puis à ceux optant pour une autre technique. "Collecter et valoriser les pneus d'ensilage s'avère un chantier colossal, au plan financier (traiter 800.000 tonnes coûterait entre 120 et 160 millions d'euros) mais plus encore au plan technique, car il est difficile de trouver, en bout de chaîne, des voies de valorisation", souligne le ministère."C'est un bon début", estime Jacky Bonnemains, directeur de l'association environnementale Robin des Bois, qui s'est associée à cette charte. Mais "l'opération durera 20 à 30 ans", ajoute-t-il, appelant les chambres d'agriculture et les collectivités locales à en financer une partie pour accélérer le mouvement, soulignant que ces tas de pneus sont aussi une source de prolifération des moustiques-tigres, qui s'y installent, et de pollution lors d'incendies.