L'AOP Picpoul de Pinet est en plein boum depuis plusieurs années. Les caves coopératives et les viticulteurs travaillent à flux tendu et n'ont aucun stock. Une performance rare en ces temps de crise viticole. Mais bientôt, la petite appellation sera traversée par la nouvelle LGV Montpellier-Perpignan et sera amputée de 10% de sa surface.
C’est un petit paradis pour produire du vin. L’AOP Picpoul de Pinet est niché entre Mèze et Marseillan sur un plateau bercé par les embruns de la lagune de Thau.
Olivier Azan y produit du vin bio depuis les années 80. Mais récemment, son paradis s’est troublé.
Ici, aujourd'hui, nous sommes au milieu des vignes, mais dans quelques années, ce sera des gros travaux et la ligne TGV.
Olivier Azan, viticulteur à Pinet dans l'Hérault
Le vignoble traversé par la Ligne Nouvelle Montpellier-Perpignan (LNMP)
Avant fin 2029, les travaux de la LGV Montpellier-Perpignan vont débuter dans ce secteur, au beau milieu des vignes. La ligne ferroviaire va littéralement couper en deux le vignoble de Picpoul.
L'appellation Picpoul de Pinet, c'est 1.400 hectares. Et le TGV va nous exproprier sur environ 100 hectares. Moi, j'ai 30 hectares de vignoble, je vais en perdre cinq.
Olivier Azan, Domaine Petit Roubié à Pinet
La future LGV va amputer de 10% la production de Picpoul. Une catastrophe pour une appellation dont la réussite sur les marchés frôle l’insolence en ces temps de crise pour la viticulture locale.
Vers une perte de production importante
Les 23 producteurs particuliers et les 4 coopératives écoulent chaque année la totalité des 85 000 hectolitres produits.
"On a la chance d'être un petit alien en Languedoc. On commercialise notre millésime à venir dès les mois de janvier-février. Et nous vendons l'intégralité de la production" explique Céleste Renault, directrice de l’Organisme de Défense et de Gestion de l'AOP Picpoul de Pinet.
Les viticulteurs de l’appellation entendent bien rappeler cette réussite commerciale aux négociateurs de SNCF Réseau qui gère et construit les infrastructures ferroviaires en France pour obtenir une indemnisation suffisante pour compenser leur préjudice. Et même un peu plus...
On ne peut pas empêcher la LGV de passer, c'est une infrastructure européenne. Mais on va se battre pour les indemnisations. Il faut aussi nous aider à replanter, peut-être repenser l'irrigation... et envisager d'autres problèmes à venir avec la présence de cette ligne.
Olivier Azan, viticulteur à Pinet dans l'Hérault
Les travaux de la LGV Montpellier-Perpignan doivent débuter avant fin 2029. La mise en service de la phase 1 de la ligne entre Montpellier et Béziers est prévue avant 2034.