Un mouvement social perturbe depuis ce matin le trafic SNCF entre Paris et la Normandie. Les cheminots veulent protester contre la la nouvelle suppression de postes de contrôleurs, cette fois sur les lignes Rouen-Dieppe et Rouen-Le Havre.
"La direction de la SNCF avance à marche forcée pour faire des économies, et ce n'est pas possible, ni pour les cheminots, ni pour les usagers du train." Allan Bertu, secrétaire général CGT cheminot à Caen, est catégorique : supprimer des contrôleurs, c'est porter atteinte au service public. "La déshumanisation, ça suffit."
Moins de contrôleurs, l'idée peut paraître tentante pour ceux qui aiment tenter le voyage sans billet. Mais selon le syndicaliste, cette nouvelle politique de la SNCF est lourde de conséquences, y compris pour les voyageurs. "Un train où, sur un trajet d'1h30, il n'y a qu'un conducteur pour gérer le public, ça crée de l'insécurité, des zones de non-droit. On a déjà une augmentation des incivilités et des agressions en ce moment avec la surveillance des gestes barrières, attention ! "
4 lignes déjà sans contrôleurs, 2 nouvelles à venir, et une en projet
Depuis 2017, les axes Le Havre - Fécamp, Yvetot - Rouen, Le Havre - Rolleville et Lisieux - Deauville ont été les premiers à tester ce système. Désormais ce sont les lignes Rouen - Dieppe et Rouen - Le Havre qui sont concernées, l'équivalent de 30 postes. Avant le Lisieux - Cherbourg en 2023. "La direction estime que le conducteur a accès à l'ensemble des informations grâce à la radio sur le train (l'équivalent de la CiBi), qui le met en lien avec le centre d'aiguillage. Donc qu'aucun contrôleur n'est nécessaire. Le penser, c'est limiter leur mission à un travail d'aide conducteur, en oubliant la relation avec les usagers notamment."
Le contrôleur, c'est aussi la personne que l'on vient voir si on n'a pas eu le temps d'acheter son billet... Et le supprimer peut poser problème dans les gares sans guichet. "Cela crée une inégalité de traitement", regrette Allan Bertu. "Comment on fait sans smartphone pour prendre son billet en ligne en dernière minute à Pont-L'Evêque, à Trouville - Deauville sur certains horaires, et dans plein d'autres gares normandes ?"
1 cheminot sur 3 déclaré gréviste
La grève a donc commencé dès dimanche soir, 20 h. avec une déclaration de grévistes à hauteur d'un cheminot sur 3, ce qui a forcément des incidences sur le trafic de trains régionaux.
Ce mouvement social va durer toute la journée de lundi. Et pourrait être reconduit chaque lundi, tant que des négociations ne seront pas entamées. "On a sollicité la direction, et même envoyé un courrier à Hervé Morin... Sans réponse pour l'instant."