Bricolage. "J’essaye de faire un truc avec la meilleure tronche possible" : ouverture d'un atelier autonome pour les passionnés

Un atelier de bricolage vient d’ouvrir ses portes en plein centre-ville de Rouen (Seine-Maritime). Imprimantes 3D, découpeuse laser, scie sur table, ponceuse : de nombreux équipements sont à disposition des passionnés de bricolages. La tarification est libre, avec ou sans abonnement..

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Qui aurait pu imaginer trouver, à deux pas de la préfecture, en plein centre-ville, une telle caverne d’Ali Baba ? On y entre par une jolie porte rouge sur laquelle la pancarte "Atelier Autonome" trône fièrement. Une fois dans le fameux atelier, on ne sait tout simplement pas où regarder. Il y en a partout.

Au milieu de la première pièce, une table, où trainent cet après-midi quelques ordinateurs portables, et une scie, utilisée par une jeune femme pestant face à une sorte de lampe en boîtes de conserves (on ira la voir plus tard pour lui demander ce qui ne va pas). Autour de cette table, le long des murs : une enfilade de machines.

Paul Métayer nous fait joyeusement l’inventaire. "Pour commencer, on va avoir l’impression 3D en résine, qui va permettre par exemple de faire des figurines ultra précises ". La machine suivante est utilisée par deux hommes absorbés par leur conversation. "Eux, ils utilisent la découpeuse laser CO2, avec laquelle on grave et on façonne le bois".

Paul continue la visite. Il nous fait l’impasse sur le petit outillage, décrit rapidement une borne de jeux d’arcade recréée de toutes pièces, nous présente une série de quatre imprimantes 3D filaments, enchaine sur un prototype permettant le recyclage du plastique, développé sur place. La liste est encore longue, et on est loin d’avoir tout vu. Nous ne sommes que dans la première salle.

Je n’ai pas les moyens de me payer ces outils, c’est pour ça que je viens à l’atelier

Alessandro, abonné à l’Atelier Autonome

Nous quittons l’espace numérique pour une seconde pièce : l’espace menuiserie. Une salle beaucoup plus grande, où on trouve d’autres bricoleurs concentrés sur leur tâche. On a par exemple Alessandro, la vingtaine, qui s’est mis en tête de fabriquer tout seul une table basse avec du bois de récup. On lui demande s’il a un plan en tête. "J’essaye de faire un truc avec la meilleure tronche possible", sourit-il derrière son masque de protection.

Scie à ruban, ponceuse, sableuse… Alessandro passe d’une machine à l’autre. "Je n’ai pas les moyens de m’en payer, c’est pour ça que je viens à l’atelier". 

Parmi les valeurs des créateurs de l’Atelier Autonome, il y a l’accessibilité. Le principe est simple : chacun paye ce qu’il veut, "en fonction de son budget", explique Paul Métayer. Lui et son associé, Jean Sébastien Niel, ont mis en place cette tarification à prix libre avec ou sans abonnement.

Comment ça marche ? Ceux qui veulent juste profiter de l’espace numérique et de la micro menuiserie peuvent venir aux "Sessions Libres" du mercredi soir et du samedi, 2 euros de l’heure, 5 euros de l’heure, 15 euros de l’heure. Chacun paie selon ses moyens et ce qu’il pense juste de payer.

Mais il est aussi possible de s’abonner. Par exemple, Alessandro a décidé de donner 30 euros par mois. Il peut venir quand il le souhaite. En tant qu’abonné, il peut utiliser les plus grosses machines stationnaires. Bien sûr, une formation est assurée au préalable, afin d’assurer une bonne utilisation et une sécurité optimale.

Un atelier collaboratif

Accessibilité financière, formation pour les néophytes, le principe est clair : "Absolument tout le monde peut venir. Il faut juste avoir une idée, ou du moins l’envie". Ouvert depuis septembre 2022, l’Atelier Autonome compte pour l’instant une trentaine d’abonnés. On compte des "gens sans expérience qui veulent apprendre" comme des "presque pros qui ont besoin d’équipement pour un projet perso".

A l’instar de cette caverne qui fourmille d’outils, l’idée est de créer un atelier collaboratif prônant la solidarité et l’émulation. Par exemple, Laëtitia, qui galère légèrement avec sa lampe en boîte de conserve, demande régulièrement conseil à Paul. "Ils nous aident si on est perdu, c’est super », nous dit la jeune femme.

En l’occurrence, elle va peut-être appeler à l’aide dans les prochaines minutes. "J’essaye de couper le pied de ma petite lampe, il est trop grand. Je fais des lampes de chevet avec du bois de récup et des boites de conserves". Laëtitia prépare un atelier parents-enfants, prévus quelques semaines plus tard au sein même de l’atelier autonome. Il n’y a aujourd’hui que des adultes, mais c’est quand même un esprit enfantin qui règne.

Ici, il s’agit d’apprendre à bricoler en expérimentant, en s’amusant. Ici, la bidouille est reine et l’entraide fait loi.

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