Jérôme D., technicien de maintenance, est décédé à 33 ans après une intervention sur une machine de nettoyage de pièces automobiles. Sa famille attend depuis 5 ans que l'employeur, le site de Renault Cléon et la société Renault soient jugés.
Pendant près de quatre heures, les magistrats du tribunal correctionnel de Rouen ont examiné les circonstances de cet accident du travail qui a causé la mort d'un salarié.
Renault Cléon et la société Renault comparaissaient pour homicide involontaire dans la cadre du travail et infraction à la réglementation générale sur l’hygiène et la sécurité au travail.
Le procureur a requis 200.000 euros d'amende à l'encontre de la société Renault et la publication du jugement au sein de l'entreprise. Le délibéré sera rendu le 31 mai.
Il y a deux ans, lors du premier procès, le parquet avait réclamé la même peine mais le juge avait conclu par une demande de complément d'information.
Il avait souhaité que d’autres salariés, des techniciens mais également des cadres, soient interrogés sur les conditions de travail et de formation au sein de l’usine de Cléon.
Un technicien de maintenance expérimenté
Le 10 mars 2016, dans la soirée, Jérôme D. était retrouvé inconscient, le corps coincé dans une machine de nettoyage de pièces automobiles, de 5 mètres sur 11 mètres. Il devait ajouter un tendeur pour augmenter la cadence de l'appareil. Il décèdera quelques jours plus tard de ses blessures.
L'enquête montrera qu'il avait fait fonctionner la machine, portes ouvertes, dans le cadre de son opération de maintenance. En se penchant, il était passé devant un capteur, un caisson très lourd était tombé sur lui.
L’enjeu était alors de comprendre s'il y avait eu faute de l’entreprise Renault concernant la formation sur cette machine qui avait connu plusieurs avaries.
Une manière de procéder pour limiter l'arrêt des machines
Les syndicats avaient expliqué lors du premier procès qu'il était courant dans l'usine de Cléon que des systèmes de sécurité soient désactivés pour faciliter les opérations de maintenance.
Ce 13 mai, l'avocat de la partie civile maitre Karim Berbra a expliqué que "La pratique du shuntage des machines chez Renault Cléon était courante, connue de la hiérarchie". Elle permettait d'éviter que les machines ne fonctionnent pas pendant un délai trop long.
Pour la direction de Renault, la victime était un technicien expérimenté depuis plus de 15 ans ayant bénéficié de formation sur la sécurité. Il aurait commis le 10 mars 2016 une imprudence.
William Audoux, secrétaire de la CGT Renault Cléon a dénoncé une organisation qui commande de"faire toujours plus, toujours plus vite, avec moins de monde"