Mercredi 3 avril 2019, Renault est en audience au Tribunal Correctionnel de Rouen pour l’accident de travail mortel qui s’est produit en mars 2016 dans l’usine de Cléon.
C’est une audience très attendue par la famille de Jérôme Deschamps, les syndicats et salariés de l’usine Renault de Cléon. Le 10 mars 2016, ils perdaient un collègue dans un accident du travail. Ce mécanicien a eu le thorax écrasé par un élément de machine à laver industrielle dans laquelle il intervenait pour une opération de maintenance.
Resté plusieurs minutes en arrêt cardiaque avant d’être découvert par un collègue, il était entre la vie et la mort. Cet ouvrier âgé de 33 ans et père de deux enfants est décédé sept jours plus tard.
Cet accident a relancé les questions des salariés autour des conditions de travail des techniciens de maintenance, mécaniciens et électriciens. Ils pointent du doigt le manque de formations spécifiques notamment pour intervenir sur ce genre de machine. Selon la CGT, le plus souvent ils interviennent seuls pour ces opérations.
Toujours selon le syndicat, les résultats 2018 sur la sécurité, les accidents du travail, les maladies professionnelles ne sont pas bons sur le site de Cléon.
Nous avons depuis échappé de peu à de nouveaux drames, des accidents graves se produisent régulièrement, sur des risques pourtant identifiés, comme ce fût encore le cas à la fonderie le jeudi 27 mars 2019, avec un salarié brûlé au 3éme degré. CGT Renault Cléon
Mise en délibéré
► 3 avril- La décision du tribunal correctionnel de Rouen a été mise en délibéré au 29 mai 2019. Le procureur a requis 200.000 euros d'amende à l'encontre de Renault Cléon SNC.
VIDEO : le reportage de Marc Moiroud-Musillo et Hervé Colosio
Les failles mises en lumière après les différentes enquêtes
Après ce dramatique accident, plusieurs enquêtes, notamment faites par l'inspection du travail ont mis en lumière des carences de formation spécifique à la sécurité du personnel.
Désormais, les salariés doivent obligatoirement remplir les feuilles ISEPA (qui indiquent les mesures de prévention) avant une intervention "sous énergie". nous précise William Audoux de la CGT.
La direction a également stopper l'utilisation des "sucettes" ou "shunts" qui permettaient de forcer les systèmes de sécurité des machines pour pouvoir intervenir lorsque celle-ci est encore en mouvement. Une mesure réclamée depuis longtemps par les syndicats.
Un expert mandaté par le CHSCT a démontré que cette pratique était courante dans l'usine Renault Cléon, ce sont ces conditions de travail qui ont provoqué la mort de mon client. Nous souhaitons que Renault soit condamné pour homicide involontaire. Maître Karim Berbra, avocat de la famille de la victime et la CGT.
De nombreux accidents du travail en Seine-Maritime en 2018 et début 2019
Le 14 mars 2019, un chauffeur routier participant à une opération de déchargement sur le site EDF de Paluel (76) a été mortellement écrasé par un colis.Le 12 mars, un agent du site de traitements des déchets de Saint Jean de Folleville (76) décédait sur son lieu de travail, écrasé entre la benne d’un camion et un compacteur de déchet.
Le 15 février, c’est un salarié de l’entreprise Bataille qui faisait une chute mortelle de plusieurs mètres au sein de la plateforme Total à Gonfreville l’Orcher (76).
En 2018, c’est au moins 9 salariés du secteur privé qui ont été tués au travail pour la seule Seine Maritime.
En 2016, la Carsat Normandie avait recensé 60 accidents du travail mortels déclarés, hors fonction publique et régimes agricoles et spéciaux. Elle constatait que le nombre d’accidents du travail avec arrêt a augmenté de 30 % en 3 ans avec plus de 15 000 accidents pour la Seine Maritime.