Lubrizol : 13 jours avant l'incendie, l'assurance de l'usine SEVESO en visite dans l'usine pointait le risque incendie

Des bidons en plastique pour des produits inflammables, c'était l'un des points dangereux relevés par l'assurance américaine de Lubrizol. Le rapport de risque a pu être lu par nos confrères de Mediapart-le Poulpe et du journal le Monde. Les hypothèses d'accident collent à la réalité du 26 septembre.


L'usine Lubrizol de Rouen est assurée par une compagnie spécialisée dans la couverture des risques industriels, FM Global basée près de Boston. C'est bien le moins que l'on pouvait attendre. 

Deux représentants de cette compagnie étaient sur place le 13 septembre 2019, indiquent le journal Le Monde et le site Mediapart.  Nos confrères ont pu lire les 15 pages du rapport de risque rédigées par FM Global pour leur client Lubrizol. 

Dosssier de J. Howlett, D. Lefauconnier, P. Chalumeau. Montage : S. Pierson

Intervenants : 
Jean-Yves Lagalle, directeur des pompiers de Seine-Maritime ( 26 septembre 2019), Isabelle Striga, directrice générale de Lubrizol, Corinne Lepage, avocate du collectif citoyen "Rouen Respire", Gérald Le Corre , responsable Santé/Travail CGT de Seine-Maritime, Pierre-André Durand, préfet de la région Normandie

 
 

Plusieurs points jugés dangereux, pour le risque incendie : 

  • Les fûts en matières plastiques pour les liquides inflammables

« Lors d’un incendie, les conteneurs intermédiaires en plastique (IBC) fondraient rapidement et le liquide combustible et/ou inflammable se répandrait sur le sol, créant comme un grand feu de piscine"

( Extrait du rapport de risque de l'assurance FM Global, publié par le journal Le Monde, 7 février)

Nos confrères expliquent que l'assureur recommande que ces conteneurs soient remplacés par "des bidons métalliques équipés de systèmes de sécurité spécifiques" (Mediapart, 28 janvier)
 
  • Les extincteurs automatiques (appelés sprinklers)

Le système de sprinkleur [un appareil fixe d’extinction automatique à eau – ndlr] du bâtiment A5 devrait être renforcé et transformé en système de déluge [tous les sprinklers sont ouverts en même temps – ndlr], ou en système de préaction à mousse.


(Extrait du rapport de risque de FM Global publié par Mediapart)

L'enquête du Monde précise que l'assurance préconise "que le système de sprinklers soit « renforcé » (avec trente appareils supplémentaires), note le rapport, et « converti » en « système déluge » (tous les gicleurs s’ouvrent en même temps), ou de « préaction » (avec un système de détection électrique) « avec de la mousse ».

D'après Mediapart, "FM Global demande depuis octobre 2008 à Lubrizol d’améliorer ses systèmes anti-incendie sur le bâtiment A5"
 

Espace insuffisant, problème de drainage, risque de propagation du feu

"Les explosions" en chaine, les liquides qui s'écoulaient "comme de la lave en fusion", tout cela avait été décrit par le commandant des sapeurs- pompiers de Seine-Maritime. Ils ont lutté pour éviter la propagation de l'incendie à toute la zone industrialo-portuaire.  Les deux experts en assurance de l'usine s'inquiétaient de ce risque.

En raison de l’insuffisance d’espace de séparation et du manque de systèmes de confinement et de drainage adéquats, ce feu se propagerait rapidement à l’ensemble du bâtiment A5, entraînant sa destruction totale, et pourrait même s’étendre aux bâtiments environnants. 

(Extrait rapport de l'assurance publié par le Monde)
 

Lubrizol: depuis 2008, son assureur signalait des défaillances incendie

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Lubrizol : le rapport qui avait prévu le scénario de l'incendie du 26 septembre sur le site de Rouen

Lubrizol avait parfaitement connaissance des risques qui pesaient sur ses installations et des mesures à prendre pour éviter l'incendie qui a ravagé deux de ses entrepôts et brûlé plus de 9 500 tonnes de produits dangereux, le 26 septembre 2019, à Rouen.

 

"Conforme à la réglementation", réagit la direction de Lubrizol

Les journalistes du Monde et de Mediapart ont demandé le point de vue du groupe américain. 

"Des axes d’amélioration et les mesures correctives sont menés très régulièrement et conduisent à des investissements, pour la sécurité (HSE), de l’ordre de 8 millions d’euros par an uniquement sur le site rouennais."  a t-il répondu à Mediapart. 

"Les équipements du site de Rouen étaient, le jour de l’incendie, conformes à la réglementation en vigueur ». Le groupe précise avoir « investi plus de 100 millions d’euros dans le domaine de la sécurité »

Une compagnie d'assurance mieux informée que les services de l'Etat

Les journalistes Jade Lindgaard (Mediapart) et Manuel Sanson (Le poulpe) s'interrogent en conclusion de leur enquête sur le décalage entre la pertinence du rapport de l'assureur de l'usine et les informations données aux habitants, qui ont subi la pollution de l'usine Lubrizol.

 C’est toute une culture du secret industriel, de l’opacité bureaucratique et de l’inertie administrative qui se retrouve bousculée par l’incendie de Lubrizol. Malgré les dénégations officielles, il est frappant de constater à quel point l’accident était prévisible. Mais ces informations sont restées confidentielles, retenues dans l’espace privé des relations commerciales entre Lubrizol et son assureur. 










 

 
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