C'est un rapport d'une centaine de pages que vient de publier Atmo Normandie, association agréée de surveillance de la qualité de l'air dans notre région. Le document revient sur une année de contrôle, sans relever de présence excessive de polluants, mais d'autres rapports sont encore attendus.
26 septembre 2019 : l'incendie de Lubrizol marque à jamais les mémoires. Durant un an et jusqu'à la fin du chantier de déblaiement des deux sites en partie incendiés, Atmo Normandie, va effectuer plus de 600 prélèvements et recueillir plus de 6000 signalements (quand elle en reçoit en moyenne 200 dans une année). Rajoutez à cela 32 tournées olfactives et 7 laboratoires d'analyses sollicités pour interprêter les différents relevés.
Atmo se concentre sur son coeur de métier, à savoir la qualité de l'air et les odeurs. Qu'en ressort-il ? Dès le début, les témoignages reçus par l'association rapportent des odeurs de type hydrocarbures principalement, chimique et brûlé, accompagnées de gênes pour la santé. Pour être plus précis, sur les 6124 signalements, 52% concernent au moins un de ces symptômes : nausées, maux de tête, irritations oculaires et cutanées...
Autre point important : si le jour-même, les retombées de suies concernent principalement les communes situées sur les hauteurs de Rouen et au-delà, la localisation des signalement d'odeurs montre que la zone sous les vents de l'incendie s'étendait au-delà de la partie visible du panache de fumée, et en particulier le centre-ville de Rouen.
Les conclusions que nous pouvons en tirer concernent uniquement ce que nous avons mesuré.
"C'est globalement rassurant, notamment durant la période du chantier. On a détecté sur quelques composés une plus forte concentration que sur d'autres sites de la région, et on va continuer à travailler dessus, mais pour lesquels il n'y a pas d'alarmes aujourd'hui." L'association va d'ailleurs renforcer l'ensemble de son réseeau de surveillance pour mieux travailler à l'avenir.
Pour autant, on l'aura compris, les mesures d'Atmo ne concernent que son périmètre d'action. Et l'enjeu ne concerne pas que la qualité de l'air et les retombées atmosphériques. Ce que relève Charlotte Goujou, vice-présidente d'Atmo Normandie et maire de Petit-Quevilly : "l'enjeu essentiel pour les habitants ce sont les conséquences sanitaires, sur la santé et ce n'est pas le rôle d'Atmo Normandie d'apporter des réponses à ces questions. C'est celui des autorités, à commencer par Santé Publique France dont on attend le résultat de l'enquête mené à l'automne 2020."
Il faudra donc encore du temps, et d'autres analyses, pour connaître l'ensemble des conséquences de Lubrizol à l'automne 2019.