En février dernier l'association des sinistrés de Lubrizol prélevait des cheveux d'une centaine d'enfants de Buchy et Rouen (Seine-Maritime). Un laboratoire indépendant les a analysés pour détecter d'éventuels produits cancérigènes. Deux produits ont retenu leur attention. Les données récoltées pourront former une base de comparaison pour l'avenir. Explications.
Les parents des 105 enfants habitants dans la zone survolée par le panache de fumée provoqué par l'incendie de l'usine Seveso Lubrizol, en septembre 2019 à Rouen (Seine-Maritime), ont eu la primeur des résultats. En février dernier l'association des sinistrés de Lubrizol prélevait des cheveux d'une centaine d'enfants de Buchy et Rouen (Seine-Maritime). Un laboratoire indépendant les a analysés pour détecter d'éventuels produits cancérigènes. Et le résultat est surprenant.
L'association des sinistrés s'est ensuite exprimée dans la soirée du jeudi 23 juin 2022 devant la presse sur le bilan de cette première action d'épidémiologie populaire.
"On a dans un premier temps détecté du phosphate et aussi quelque chose d'atypique : l'atrazine. C'est quelque chose qui ne devrait plus être dans notre quotidien et pourtant, 9 enfants sur 100 sont contaminés", nous indique Simon de Carvalho, président de l'association des sinistrés de Lubrizol.
Des désherbants interdits depuis 20 ans
Mais d'où viennent ces polluants ? De l'incendie de Lubrizol ? Le laboratoire a détecté des résidus de désherbants interdits depuis 20 ans, l'atrazine, qui pollue toujours l'eau, notamment au Pays de Bray. Il y a aussi du phosphate issu de l'agriculture des industries.
"Au vue de ce qui a été annoncé, il y a quand même une part d'inquiétude. A priori ce n'est pas grave, mais qu'est-ce que ça va donner dans quelques années ?", s'interroge Valérie Tanchon, maman d'un enfant qui a participé à l'étude.
"Tout ce qu'on peut se dire, c'est que ce sont des substances qui n'ont rien à faire dans le corps humain et qui vont certainement être des irritants qui vont provoquer des inflammations. Reste à savoir ce que ça va provoquer. Peut-être des cancers ? Je n'en sais rien."
D'autres analyses vont compléter l'amorce de cette base de données sur la pollution, notamment des retombées de suie issues de l'incendie Lubrizol.
9.500 tonnes de produits ont brûlé le 26 septembre 2019. La contamination ne peut pas être limitée à du phosphate et de l'atrazine.