Amusantes, tragiques ou émouvantes : depuis 1930 la coupe du monde a été émaillée d'histoires extraordinaires rassemblées par le journaliste Frédéric Veille, grand reporter à RTL
C'est à l'espace du Palais de Rouen, là où les restaurants et commerces ont organisé des animations, des jeux et des concerts pour suivre la coupe du monde de football 2018 que j'ai rendez-vous avec Frédéric Veille. Il rentre des 24h du Mans et part demain au Castellet pour le grand prix de France de Formule 1. Il est 10h, les terrasses viennent d'ouvrir et nous sommes les premiers clients.
C'est dans cet espace décoré d'affiches "Place au foot" et "Russia 2018" que l'un des auteurs, avec Julien Mahieu (de SoFoot) et Sylvain Letouzé (deTendance Ouest/La Manche Libre) présente le livre sorti la semaine dernière aux éditions City : "Histoires insolites de la coupe de la monde".
Le fruit de 6 mois de travail pour de longues et patientes collectes dans les archives et les reportages tv, mais aussi de vérifications pour réunir "une vraie mine d'information".
C'était important de travailler à trois là-dessus parce qu'il y avait un travail de recherche et puis un regard différent : Sylvain Letouzé a une connaissance et une passion pour les années 1930, 40 et 50, quant à Julien Mahieu, il est très pointu sur les dernières coupes du monde qu'il a suivi de près.
Du cocasse au tragique
Le résultat est une réussite avec un petit livre plaisant et truffé d'anecdotes, accessible à tous, surtout aux "non-footeux" :"La coupe du monde elle intéresse tout le monde, c'est pas pour rien qu'elle est l'un des événements planétaires les plus regardés à la télévision avec les Jeux Olympiques et le tour de France."
"L'objectif était de ne pas toucher que le public qui aime le football. Le public qui aime le football, il est composé de passionnés qui connaissent toutes ces histoires par cœur. Nous, ce qui nous intéressait, c'était pas de dire que Zidane il a donné un coup de boule à Materazzi, ni de dire que Maradona a mis un but de la main. Ça, pour nous c'était pas intéressant parce ce que ça fait pas partie de l'insolite".
Ce qui était important c'était de toucher tout le monde par le biais de petites histoires qui sont à côté de cette coupe du monde. Des histoires qui sont aussi bien géopolitiques que sociétales ou bien de petites histoires qui sont souvent drôles, souvent passionnantes et quelquefois aussi, cruelles voire dramatiques, mais qui toutes, font partie de la grande histoire de la coupe du monde, de 1930 à 2018…
J'avoue que j'ai été pris au jeu de ces histoires, qui, au fil des pages, d'une décennie à l'autre, d'un continent à l'autre, évoquent aussi bien des faits tragiques que cocasses. Cocasse comme l'histoire de ce fier Italien victime de la cassure de l'élastique de son short et qui, après avoir remonté sa culotte et s'être recoiffé, frappe un pénalty en tenant son short de la main gauche.
Plus grave, plus lourde, est l'ambiance de la coupe de 1962 au Chili où violence et tensions font que des policiers arrivent sur le terrain pour faire sortir de force une équipe.
Irrationnel le foot ?
Plusieurs cas que l'on pourrait associer à de la superstition ou de moyens surnaturels de gagner sont rapportés dans ce livre avec des histoires d'eau bénite, de sorciers, de guide spirituel, et d'objets porte-bonheur comme ce képi contenant une image de Sainte-Geneviève posé au bord du terrain.Plus terre à terre : l'évolution du matériel et des équipements des footballeurs. On apprend ainsi que les premiers crampons vissés sous les chaussures font, en 1954, la différence sur terrain glissant. Leurs inventeurs, les frères Dassler seront ensuite plus connus comme les fondateurs de la marque Adidas.
Drôles de personnages. Aux côtés des différentes équipes, chaque coupe du monde a aussi (et depuis 1966) une mascotte. Et même un super-héros : un certain Mario qui depuis 2007 débarque sur les terrains en tenue de Superman !
Bon, je ne vais tout de même pas vous dévoiler tout le contenu du livre, mais en voici encore une, d'histoire insoilite. Une histoire d'argent, celle des primes offertes par l'Etat français aux Bleus de 1998. Lors d'une réception officielle, Chirac et Jospin promettent un cadeau fiscal aux champions du monde avec un taux réduit sur l'imposition de cette fameuse prime.
A votre avis, qui a tenu sa promesse ?
Trop d'argent dans le football ?
En fin de semaine, dans le magazine "Dimanche en politique", la rédaction de France 3 Normandie ouvre le débat en posant la question " Y-a-t-il trop d’argent dans le football ?"Avant d'entendre les réponses des invités de Franck Besnier,
(Gilles Sergent, président du Stade Malherbe de Caen, Antony Deroin, président du club de Villers-Bocage et ancien joueur professionnel,Jérôme Lancery, agent de joueurs et Mikaël Lesage, arbitre de L1) voici l'avis de Frédéric Veille, habitué pour RTL des grandes soirées de Ligue 1 :
"Est-ce qu'il y a trop d'argent dans le football ? Oui, peut-être aujourd'hui. C'est sans doute un peu démesuré par rapport à tout ce qui se passe dans la vie d'aujourd'hui. Mais malheureusement, le football fait rêver les gens.
Le Paris Saint Germain arrive à faire rêver les gens, l'Olympique de Marseille fait toujours rêver, et peut-être encore plus que le PSG ! Et on s'aperçoit que sans argent on n'aurait pas en France des joueurs comme Neymar, des grandes stars du football… Malheureusement c'est comme ça. On n'y peut rien."
C'est vrai que quand on compare les salaires des joueurs qui ont été champions du monde en 1998, comme des Petit ou des Zidane, qui étaient déjà des grandes stars à l'époque, et que l'on compare aujourd'hui les salaires des Griezmann et des Pogba, c'est démesuré !
Et malheureusement, je pense que c'est pas près de s'arrêter vu les droits télé qui sont en train de prendre des proportions hyper importantes dans le monde du football.
Après Le Mans et avant le Castellet
Autre sujet abordé lors de cette brève rencontre à l'espace du palais de Rouen : le sport automobile. L'occasion d'écouter Frédéric Veille raconter la formidable prestation le weekend dernier d'Alpine aux 24 Heures du Mans.Et d'évoquer, pour les prochains jours, l'extraordinaire alignement de planètes pour les deux jeunes pilotes normands de Formule 1, Pierre Gasly et Esteban Ocon, qui vont se retrouver au Castellet pour le retour de la F1 en France et un Grand Prix qui s'annonce comme historique.