Le collège Jean Lecanuet vidé de ses élèves ce mardi 26 mars à Rouen (Seine-Maritime). Les syndicats d'enseignants et les parents d'élèves ont appelé à se mobiliser contre la réforme du "Choc des savoirs", qui prévoit notamment la mise en place de groupes de niveaux à la rentrée prochaine. Mesures jugées discriminantes et stigmatisantes par leurs opposants.
Il n'y avait pas foule ce mardi matin au collège Jean Lecanuet de Rouen (Seine-Maritime). Malgré l'heure du début de la classe qui approche, la cour reste quasiment vide.
Si Syrine s'est bien levée pour aller en cours, la jeune élève de 6ème ne franchira finalement pas.le portail. "J'ai décidé d'être solidaire avec les professeurs et des parents d'élève. Comme le collège est vide, on va repartir ensemble", explique sa maman Anissa.
Une initiative des parents d'élèves
Comme cette maman, de nombreux parents ont décidé de ne pas envoyer leurs enfants scolarisés dans cet établissement de 700 collégiens. Une action appelée "collège vide", qui fait suite à plusieurs jours de mobilisation des professeurs ces dernières semaines.
"On a vu que les parents étaient assez sensibles à cette difficulté. C'est un collège qui a beaucoup de professeurs non remplacés. On est déjà intervenu auprès du rectorat il y a quelques jours pour dire qu'on souhaitait avoir des remplacements. On les a d'ailleurs obtenus", explique François Pierre, représentant des parents d'élèves. "Il y a des parents d'élèves qui se mobilisent et qui arrivent à faire bouger les choses".
"On aura un tri social entre les élèves"
Parents comme professeurs s'inquiètent du "choc des savoirs". Une réforme promise par le Premier ministre Gabriel Attal pour l'éducation nationale. Dans les collèges, la grogne monte pour s'opposer aux dispositifs prévus, notamment les groupes de niveau.
Une réforme censée entrer en vigueur dès la rentrée.
"Avec le manque de moyens, si on applique cette réforme du choc des savoirs, on aura un manque de professeurs, ainsi qu'un tri social entre les élèves puisqu'on va devoir décider quel élève est bon et quel élève est médiocre", poursuit François Pierre.
"Le problème ce n'est pas de mettre les élèves par groupe de niveau. Le problème, c'est qu'il y a trop d'élèves par classe, qu'il n'y a pas assez d'AESH pour accompagner les élèves en handicap. On a un gouvernement qui détruit l'éducation nationale. Il ne fait qu'accroitre les inégalités qui existent.
Julien Essahli, professeur d'Histoire-Géographie
"Pour créer des groupes de niveau, il faut prendre des heures. On va être obligé de déshabiller Paul pour habiller Jacques : enlever les dédoublements en science, enlever les soutiens en natation, enlever les classes européennes... qui du latin ?", ajoute Lionel Lagarde, professeur d'EPS.
Les enfants qui se sont néanmoins présentés dans l'établissement ont bien entendu étaient accueillis normalement
Les opérations de ce type se multiplient dans toute la France ces derniers jours