« Quand je parle de ma maladie dans les réunions d'Anorexiques Boulimiques anonymes, je n’ai pas à expliquer pourquoi : les autres savent »

L’association Anorexiques Boulimiques Anonymes est née en 2002 en Bretagne sur le modèle des Alcooliques anonymes. Des réunions sont proposées dans une dizaine de villes en France dont Evreux et Rouen. Une convention régionale avait lieu ce samedi 15 octobre en Seine-Maritime.

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Elle a poussé les portes d’ABA en 2020, après le premier confinement. Mais elle souffre d’anorexie depuis huit ans. « Je n’ai pas eu d’élément déclencheur. Pour certains, il va s’agir de violences physiques ou sexuelles. Moi, j’ai eu peur de voir mon corps changer à l’adolescence car on ne m’a pas expliqué pourquoi. Parfois, je me suis sentie moins légitime d’être malade »

La maladie est entrée progressivement dans sa vie à l’âge de 14 ans. 

« Je me surveillais. J’étais dans l’hyper-contrôle dans tous les domaines de ma vie. Enfin je pensais l’être..."

Une participante

France 3 Normandie

Les années passent et la jeune femme quitte le domicile familial pour poursuivre ses études. «Je savais que j’avais un problème. Je me suis dit je vais aller en médecine et je vais me soigner toute seule ». Seule dans son appartement d’étudiante, elle est alors totalement libre « de faire n’importe quoi avec [s]on corps ».

Comme un appel au secours

Un jour, elle demande à sa mère de retrouver son journal intime. « Peut-être qu’à la base, j’ai écrit tout ça pour que quelqu’un me lise ». Sa mère finit par mettre la main sur le carnet et lit. « Elle m’a rappelée en larmes et elle m’a dit j’arrive » se souvient la jeune participante. La discussion permet de poser le mot anorexie. « Mais malgré cela, j’ai continué ».

Elle arrête ses études de médecine, change de cursus. « J’ai fait beaucoup de choses » dit-elle pudiquement « jusqu’à frôler la mort ». Un parcours de vie entrecoupé de plusieurs hospitalisations.

Sans vraiment savoir pourquoi, l’envie de vivre est revenue. « J’ai accepté de reprendre du poids ». Mais la jeune femme n’est pas guérie pour autant. « Je prenais le poids que je voulais reprendre ».

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L’association Anorexiques Boulimiques Anonymes est née en 2002 en Bretagne sur le modèle des Alcooliques anonymes. Des réunions sont proposées dans une dizaine de villes en France dont Evreux et Rouen. Une convention régionale avait lieu ce samedi 15 octobre en Seine-Maritime. ©FTV / Marion Chevalet / Mehdi Weber

Seule pendant le confinement

Mars 2020. Comme tous les français, elle se retrouve confinée chez elle, dans son appartement d’étudiante. « C’était très dur. Enfermée chez moi, j’étais toujours dans l’hyper-contrôle et le calcul des calories. J’avais l’impression d’engraisser alors que la réalité était différente. Seule face à mes mauvaises pensées, j’ai cherché un groupe de parole sur Internet ». C’est comme ça qu’elle fait son entrée chez ABA. D’abord en visio puis en présentiel.

Pendant les réunions, elle rencontre des hommes, des femmes, de tous âges. Des personnes qui comme elle sont confrontées à des troubles du comportement alimentaire. Anorexie, boulimie, hyperphagie alimentaire*… des pathologies considérées aujourd’hui comme une addiction. Si l’on englobe toutes les formes de TCA, la Haute autorité de Santé estime que 10 % de la population pourrait être concernée.

Mais ces groupes de parole ne prétendent pas se substituer à une prise en charge médicale. Ici, pas de médecin, pas de sachant. Simplement des gens qui partagent leur expérience de vie. 

« C’est nous qui choisissons de participer à ces groupes de parole car nous avons admis que nous avons perdu la maîtrise de nos vies »

Une participante

France 3 Normandie

Sur le chemin de la guérison 

Deux ans après avoir fait son entrée chez les Anorexiques et Boulimiques anonymes, cette participante estime ne pas avoir encore atteint la sobriété alimentaire. « Je pèse encore ma nourriture » Mais elle a progressé. « Je suis capable d’aller au restaurant ou de gérer un imprévu comme par exemple être invitée à aller boire un verre un soir. Au-delà de la nourriture, je suis plus sociable, je souris davantage. Je suis plus tolérante avec moi-même ». 24 heures à la fois, c’est une phrase souvent répétée pendant les réunions ABA. Une phrase qu’elle a appris à faire sienne pour moins anticiper.

« Pour moi, l’anorexie c’est comme un grand arbre dans un tout petit jardin. Quand on regarde l’arbre, on se dit qu’on ne peut pas l’enlever car il va rester un grand trou et on se demande ce qu’on va pouvoir mettre pour combler ce trou. Aujourd’hui, j’ai trouvé des choses pour le remplir ».

Infos pratiques :

  • Réunions ABA à Evreux : tous les mardis à 20h à la maison de la Santé
  • Réunions ABA à Rouen : tous les mercredis à 20h dans la maison de quartier Saint-Julien

 

*hyperphagie alimentaire : trouble du comportement alimentaire caractérisé par une surconsommation d'aliments sans comportement compensatoire (vomissement…). Elle apparaît souvent à l’âge adulte et concerne autant les hommes que les femmes.

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