Quand Jean-Pierre Mocky tournait en Normandie

Le cinéaste Jean-Pierre Mocky, le plus inclassable des réalisateurs français, est mort jeudi 8 août 2019 à l'âge de 86 ans. Il avait tourné en Normandie notamment dans les locaux de France 3 rive gauche pour le film "A mort l'arbitre".

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Durant sa longue carrière, Jean-Pierre Mocky aura tourné 4 longs métrages en Normandie.

A Granville et ses environs  Snobs (1962)

Le patron d'une coopérative laitière meurt ; se retrouvent alors à égalité quatre sous-directeurs de tempéraments différents qui devront user de tous les moyens pour bénéficier d'une grosse commande. Une fois celle-ci obtenue, le poste de nouveau patron est presque assuré.
 

Toujours à Granville L'Étalon (1970)


Pendant ses vacances, le vétérinaire William Chaminade est amené à soigner une femme délaissée, qui a tenté de se suicider. Il a alors l'idée de créer un centre où l'« Étalon », être sans malice, sain et de haute moralité, assouvira la fièvre des sens des ménagères malheureuses en amour. A l'affiche notamment le plus normand des acteur Bourvil et Francis Blanche.

 

A Rouen et Petit-Quevilly « A mort l’arbitre » (1984)

Le film a été tourné sur le stade Robert-Diochon à Rouen. Le site choisi pour le studio de FR3 est, quant à lui, le bâtiment de traitement de l'eau par l'ozone de cette même usine (architecte Alexis Josic), qui peut éventuellement servir de lieu de réception. Certaines scènes du film ont été tournées au centre commercial Saint-Sever là où se trouvaient les anciens locaux de France 3 Normandie.

Jean-Pierre Mocky signe ici une œuvre brossant un portrait sans complaisance du monde du football. Le réalisateur fait le récit du basculement dans une folie vengeresse d'un groupe de supporters; pour un penalty sifflé par l'arbitre, le groupe va mener une véritable vendetta et particulièrement le meneur de la bande (Michel Serrault) qui commettra l'irréparable envers l'arbitre (Eddy Mitchell) et sa compagne (Carole Laure).
De plus, Mocky fait le portrait humain de la bêtise humaine, la veulerie et la peur de l'autre à travers Rico, personnage au comportement ignoble et répugnant. Jean-Pierre Mocky s'est donné le rôle de l'inspecteur Granowski. 
 

Dans le Cotentin à Fermanville Tourlaville (château des Ravalet) « La candide Madame Duff » (2001)

Le film retrace l'histoire d'un homme marié à une femme plus jeune de vingt ans : Jacob qui sombre dans la jalousie, l'alcool et la violence. Le compositeur Martial Murray, qui habite à Duclair près de Rouen, a collaboré à la musique du film. Il nous confirme que les tournages étaient animés.

Jean-Pierre Mocky était un écorché vif. Il en voulait à tout le monde, il disait toujours c'est à désespérer la nature humaine et il en voulait notamment à l'église catholique surtout après son film tourné à Lourdes.

Pour la musique du film, Martial Murray lui a proposé d'enregistrer en l'église de Saint-léger-du-Bourg-Denis où le prêtre était un électron libre. Jean-Pierre Mocky n'était pas vraiment partant mais a accepté avant de devenir très proche de ce prêtre, lui qui rejetait toute forme de religion :

Ils se sont retrouvés sur des valeurs essentielles qui étaient tout simplement l'humanisme et la solidarité avec les mêmes critiques extrêmement virulentes avec un clergé décadent et par rapport à toute exploitation financière de certains milieux de l'église catholique.

Jean-Pierre Mocky confiera, quelques années plus tard à Martial Murray, la composition de la musique du film "Les araignées de la nuit". Le compositeur avait été séduit par un scénario percutant et pourtant il a été déçu lors de la sortie du film. Il en a fait part à Jean-Pierre Mocky qui était ouvert à la critique :

on a eu une longue conversation philosophique sur le cinéma et il m'a dit : la forme je m'en fous complètement, ce qui compte c'est le fond !

Sur ces célèbres colères, le compositeur le compare à Robert Hossein et reconnaît que "sur le fond il avait toujours raison."


C'etait un impatient notoire mais son impatience se justifiait par le manque de moyens. Quand il réalisait un film, il avait des budgets extrêmement serrés. Pour lui refaire une prise ça coutait cher ! Le fait de refaire un film chaque année c'était une performance, il se serrait à 4 veines pour cela."
 

Quand Martial Murray lui rendait visite à Paris, il a pu constater que Jean-Pierre Mocky vivait comme un prolétaire, un type simple sans goût de luxe pour le citer.

C'est quelqu'un qui souffrait de la cupidité d'un monde basé sur le fric. Il était en souffrance, c'était quelqu'un de torturé.


Dans ce film, on peut apercevoir Dick Rivers où il y jouait le rôle d’un inspecteur de police, aux côtés de quelques figurants de la région.

Dans cette archive INA on peut voir un des coups de gueule du réalisateur lors du tournage d'une des scènes de "La candide Madame Duff"
 
Redécouvrez la gouaille de Jean-Pierre Mocky avec l'émission Strip Tease qui lui était consacrée en 2000.


En 2014, il parrainait le festival Regards sur le cinéma du monde.

 
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