La troisième journée de mobilisation contre la réforme des retraites a moins rassemblé ce mardi 7 février en Normandie, alors qu'une autre journée de manifestation est attendue samedi prochain. Récapitulatif chiffré et témoignages recueillis.
Après le jeudi 19 et le mardi 31 janvier, la troisième journée de mobilisation contre la réforme des retraites du gouvernement a moins rassemblé les foules ce mardi 7 février dans la quinzaine de villes de Normandie où des rassemblements étaient organisés.
Le fait qu'une autre journée d'action soit prévue samedi prochain a probablement conduit certains opposants à se réserver pour le week-end.
Le récap' en chiffres
À Rouen, comme pour les autres manifestations, le cortège est parti en milieu de matinée du cours Clémenceau rive gauche. C’est sous le même soleil, mais moins nombreux que mardi dernier, que les manifestants ont battu le pavé entonnant chants et slogans. Les groupes n’ont pas suivi le même parcours puisqu’ils sont remontés vers l’hôtel de ville avant de redescendre la rue Jeanne d’Arc pour enfin rejoindre la préfecture.
Des manifestants de tout âge et profil différents. Devant la mairie de Rouen, les agents territoriaux avaient exposé des silhouettes représentant la pénibilité de leurs tâches.
« Il y a de la pénibilité dans le travail des agents territoriaux, par exemple au service espaces verts… Les sculptures représentent l’impact du travail sur la santé, avec le dos qui devient de plus en plus courbé…. » précise un de ces agents.
Selon la préfecture, 8700 personnes ont manifesté dans la capitale normande (12 900 selon les syndicats). C’est moins que la précédente manifestation du mardi 31 janvier avec 13 800 personnes selon la préfecture.
À Dieppe, les manifestants étaient 2 800 selon la préfecture contre 4 300 selon la police pour la semaine dernière.
Au Havre, l’entrée de ville a été bloquée très tôt ce mardi matin au niveau du stade Océane et de plusieurs ponts par environ 500 manifestants. Plusieurs dockers, employés de la raffinerie de Gonfreville l’Orcher et du BTP perturbaient fortement la circulation dès 6 heures du matin. Le blocage a été levé en début d’après-midi et une manifestation aux flambeaux débutera devant l’Hôtel de ville à 17h30.
À Evreux selon la police 4 000 personnes ont manifesté dont le maire d’Alizay qui a rendu la cantine gratuite ce mardi, en solidarité avec les agents municipaux : « A la mairie d’Alizay, de nombreux agents suivront le mouvement de grève. Pour soutenir le pouvoir d’achat des habitants, nous avons décidé de rendre la cantine gratuite pour tous les élèves », avait précisé le maire communiste Arnaud Levitre.
Pendant le défilé dans la capitale de l’Eure, le premier édile a répété les arguments de la « contre-réforme » : « on demande la contribution des revenus financiers pour financer cette réforme. Aujourd’hui tout est fait pour s’attaquer aux plus pauvres et aux classes populaires »
À Caen, les syndicats estiment qu'environ 20 000 personnes étaient présentes dans le cortège qui s'est élancé depuis la place Saint-Pierre. Selon la Préfecture, ils n'étaient que 13 500. Si les délégations syndicales de la CGT, de la CFDT, des personnels de l'éducation nationale et des retraités étaient présentes en nombre, le contingent de la jeunesse était fortement réduit par rapport au premières manifestations.
Des jeunes moins nombreux mais toujours aussi inquiets
"On essaie de mobiliser au lycée, on a même tenté un blocus mais ça n'a pas marché. Ça a l'air de prendre dans certains endroits mais pas chez nous se désole Lison, élève au Lycée Salvador Allende à Hérouville-Saint-Clair. Je n'ai pas envie de travailler jusqu'à 64 ans. Surtout qu'on sait qu'en ce qui concerne les retraites, c'est une réforme, puis après une autre, et après une autre... donc on est un peu inquiet pour la suite.
Mes parents ne peuvent pas venir, donc je gueule pour trois !
Thelma, lycéenne
À ses côtés, Thelma hisse haut une pancarte où l'on peut lire "Mes parents ne peuvent pas venir, donc je gueule pour trois". La lycéenne s'explique. "Mes parents travaillent dans le corps médical, ils ne peuvent pas forcément faire grève. Les conditions des personnels hospitaliers sont horribles donc c'est surtout pour eux. Et je suis là pour moi aussi parce qu'après la réforme du Bac, ils nous rajoutent encore un truc donc on les cumule là !"
Quelques dizaines de mètres en aval du cortège, Morgane est venue avec deux amis de lycées différents. Elle ne se voit pas travailler jusqu'à 64 ans ou plus et regrette "surtout que ça nous pousse à faire des études courtes alors que moi je veux me diriger vers des études longues. Je veux faire un master en relations internationales et négociation mais je ne veux pas travailler jusqu'à 70 ans. Et puis je pense à mes parents, qui ont fait des études longues. Même s'ils n'ont pas un travail des plus pénibles, je ne les vois pas travailler jusqu'à 65-66 ans.
Eliott, Jeanne et Lucas sont à l'université. Pour le premier, étudiant en LEA, il s'agit de sa toute première manifestation car il estime "qu'il y a de plus en plus de problèmes à cause des décisions du gouvernement. Il a été invité à se joindre au cortège par Jeanne, sa copine, qui justifie sa présence par "un ras-le-bol général, une démocratie qui fonctionne de moins en moins bien. On nous parle de récession, de crise économique, écologique... On nous dit d'un air paternaliste qu'on a la vie devant nous alors que tout indique que ça ne peut être que négatif. Si les gens partent à la retraite plus tard, ça signifie que nous allons entrer sur le marché du travail plus tard parce qu'il y aura moins de travail disponible".
Les chiffres de la mobilisation dans le Calvados, la Manche et l'Orne
Ailleurs dans le Calvados, 1 900 manifestants ont été dénombrés à Lisieux, entre 650 et 850 à Bayeux, et un millier à Vire. Dans la Manche, la Préfecture a comptabilisé 10 000 manifestants à Cherbourg, contre 15 000 selon les syndicats. 1 700 à Saint-Lô, 1 450 à Coutances, 1 400 à Avranches, 900 à Granville et 200 à Carentan.
Dans l'Orne, à Alençon, 3 500 manifestants ont été recensés par les organisations syndicales, 3 000 par les autorités. A Flers, ils étaient entre 1 850 et 2 500 selon les sources. À Argentan, police et syndicats s'accordaient pour comptabiliser 1 200 personnes dans le cortège.