Le collectif unitaire Lubrizol critique les conclusions de la commission d'enquête du Sénat et estime, 9 mois après l'incendie de l'usine chimique de Rouen, que "la situation est grave". Une manifestation d'ampleur nationale est annoncée pour septembre.
Le collectif regroupe une quarantaine de syndicats, associations et partis politiques. Ces organisations sont unies pour dénoncer les conséquences de l'incendie de l'usine Lubrizol de Rouen survenu le 26 septembre 2019, réclamer aux services de l'Etat "vérité et justice" et lutter pour que de catastrophes comme celles de Rouen ne puissent plus se reproduire.
Les actions du collectif unitaire ont été très ralenties pendant la crise du Coronavirus et les mesures de confinement. Une grande manifestation prévue le 26 mars a ainsi été annulée.
Ce n'est que ce jeudi matin (25 juin), soit 9 mois après l'incendie, que les militants se sont retrouvés pour une conférence de presse organisée devant le palais de justice de Rouen. Chasubles, banderoles, pancartes, prises de paroles : le collectif n'a pas été avare de critiques et, comme avant le confinement, a déploré le manque de transparence des services de l'Etat.
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Déçus par les sénateurs
Pendant le confinement les membres du collectif unitaire Lubrizol ont eu le temps d'analyser le rapport de la commission d'enquête du Sénat et ils sont déçus et inquiets. Pour Gérald Le Corre, syndicaliste et porte-parole du collectif, les recommandations formulées par les sénateurs ne vont pas assez loin :On partage un certain nombre de constats, mais notre inquiétude c'est que les recommandations du Sénat ne vont pas être suffisantes pour imposer aux industriels de respecter la santé des travailleurs et des riverains.
Le collectif milite pour la création d'une autorité indépendante des services préfectoraux en mesure d'effectuer des contrôles dans les sites industriels et capable d'imposer des changements aux entreprises concernées.
Un risque de nouvelle catastrophe ?
Le collectif estime que, 9 mois après la catastrophe de Rouen, la situation est grave parce que "les problèmes à Lubrizol sont toujours là avec le toit amianté toujours présent et les boues et résidus d'hydrocarbures et de produits cancérogènes qui sont toujours sur place".Autre motif d'inquiétude du collectif unitaire, le constat "d'une augmentation extrêmement inquiétante des incidents et accidents dans les autres sites SEVESO de l'Eure et la Seine-Maritime avec des incendies et des explosions extrêmement graves".
Gérald Le Corre affirme "qu'on craint un nouvel épisode Lubrizol dans l'agglomération rouennaise ou havraise, car ni l'Etat, ni les industriels n'ont pris les mesures pour qu'un tel type d'incendie ou une explosion majeure n'arrive pas sur un site industriel".
Une manifestation d'ampleur nationale en septembre 2020
Les travaux du collectif unitaire Lubrizol vont continuer cet été, notamment sur les questions liées à l’impact de l’incendie sur la santé de la population, les conditions d'indemnisations et l’évolution du dossier pénal.Le 26 septembre 2020, à Rouen, un an après l'incendie de l'usine chimique Lubrizol, une manifestation nationale sera organisée "pour la justice et la vérité et pour l'indemnisation complète de toutes les victimes".
Le collectif souhaite organiser en parallèle cette manifestation un grand débat public d'ampleur nationale sur "le risque SEVESO et nucléaire qui continue à être négligé par l'Etat et les industriels".