D'ici une semaine, tous les soignants devront être inscrits dans un schéma vaccinal pour travailler dans un hôpital, sous peine de sanction. Un certain nombre d'entre eux refusent cette injonction, qu'ils considèrent comme une atteinte à leurs libertés.
L'obligation vaccinale des soignants est-elle une atteinte aux libertés, et notamment au droit du travail ? C'est en tout cas ce que pensent un certain nombre d'entre eux qui refusent de se soumettre à cette directive du ministère de la Santé. Les soignants ont jusqu'au 15 septembre pour faire leur premier vaccin, et devront présenter un pass sanitaire complet le 15 octobre prochain. A l'Aigle dans l'Orne, trois membres du personnel de l'hôpital ont été suspendus le 3 septembre dernier pour n'avoir pas présenté de pass sanitaire, ni accepté de faire un test de dépistage.
A Rouen ce jeudi 9 septembre, elles étaient une quarantaine de personnes à manifester devant les bureaux de la direction du CHU, à l'appel de plusieurs syndicats. Parmi eux, des personnels non vaccinés, comme cet ambulancier au Samu.
A partir du 14 septembre, je suis rayé du planning. Pour l'instant je ne sais pas ce que je vais faire. J'ai un peu d'argent de côté mais ça va pas durer longtemps. Je suis très déçu, cet argent là j'aurais préféré le garder pour mes enfants mais voilà, j'irai jusqu'au bout de mes convictions
Les syndicats s'inquiètent aussi des sanctions prévues, qui risquent de générer des tensions au sein des services. "Quand on connait les problématiques qui existent actuellement dans les services de soins, il y a une grande souffrance à cause du manque d'effectifs, on travaille en sous-effectifs dans certains services. Tout ça va avoir un impact, et surtout sur les patients" s'inquiète Evelyne Bourgeois, secrétaire Cgt au CHU de Rouen.
La profession, en difficulté endémique, est effectivement très éprouvée par la situation sanitaire, avec de nombreux personnels en arrêt et des difficultés de recrutement.
Une profession encensée aujourd'hui stigmatisée ?
Après avoir été considérés comme des héros lors de la première vague du covid, les soignants se sentent désormais stigmatisés par le gouvernement et une partie de la population, car ils cristallisent de par leur profession la fronde des "antipass". Comment peut-on refuser de se faire vacciner quand on est aux premières loges de la pandémie ? La question interpelle une partie de l'opinion publique.
Du côté de la direction du CHU de Rouen, on se veut rassurant quant à la progression rapide de la vaccination parmi le personnel de l'hôpital. Selon elle, 86% des personnels du CHU seraient actuellement vaccinés ou en cours de l'être.