A Saint-Etienne-du-Rouvray, près de Rouen, la sécurité des habitants de l'immeuble Sorano pose question. De nombreux squatteurs s'y sont installés et il y a des risques d'incendie. Deux appartements ont déjà pris feu.
Il est surnommé l'immeuble de la honte par ses habitants. A Saint-Etienne-du-Rouvray, les habitants de l'immeuble Sorano se sentent abandonnés. Une partie des 149 logements est régulièrement squattée et des montages électriques illégaux sont installés. A l'extérieur, des câbles électriques traversent la barre d'immeuble, balcon en balcon. La justice a ordonné l'expulsion de quatre logements, expliquant le caractère illégale de leurs occupations, mais également les risques pour les habitants.
Une cinquantaine de logements sont toujours habités et les occupants vivent dans des conditions précaires. Cet immeuble fait partie de la copropriété Robespierre, en déficit chronique et placée sous administration judiciaire. Une partie des habitants n'a plus payé les charges depuis plusieurs années et des marchands de sommeil laissent les logements à l'abandon. Résultat : les parties communes ne sont plus entretenues.
Ils devaient remettre la lumière dans l'escalier mais il fait toujours noir. Je suis tombée il y a quelques semaines. Et l'ascenseur ne fonctionne plus depuis presque trois ans - Nicole Tisserand, 76 ans - habitante depuis 1976
Les portes d'entrées sont grandes ouvertes, les boites aux lettres sont éventrées et selon certains riverains, l'immeuble est parfois occupé par des dealers. Les déchets jonchent le sol à l'intérieur comme à l'extérieur de l'immeuble Sorano. Sur la façade, des dizaines de vitres sont brisées. Il y a un an, Fabienne Buccio, préfète de Seine-Maritime, annonçait que l'immeuble de la honte serait détruit d'ici 2023 et les habitants relogés. Cependant, les propositions de rachat et de relogements ne sont parfois pas satisfaisantes à leurs yeux. Si les locataires se réjouissent de la destruction de Sorano, les propriétaires sont inquiets pour le rachat de leurs biens à des prix bien inférieur à leur investissement de base.
Au début on m'a proposé 30.000€, puis 33.000€ et maintenant 37.000€. Pour avoir l'équivalent de mon appartement - un F4 - autre part, il m'est impossible d'acheter quelque chose avec 37.000€ - René Tisserand, 75 ans propriétaire depuis 1976
La municipalité de Saint-Etienne-du-Rouvray, bien consciente des dangers que courent les habitants, a fait réaliser une expertise pour déterminer précisément les risques. Le maire, Joachim Moyse (PCF), est prêt à signer un arrêté de mise en sûreté en fonction des conclusions de l'expertise.
Si les résultats du rapport d'expertise ne conduisent pas à l'évacuation immédiate de l'immeuble Sorano, il sera détruit au plus tard en 2023.J'ai commandé une expertise pour connaître les conditions de sécurité à l'heure actuelle des habitants. Mais le danger existe et je suis prêt à prendre cet arrêté pour une évacuation très rapide de l'immeuble prochainement - Joachim Moyse, maire (PCF) de Saint-Etienne-du-Rouvray
VIDÉO : reportage à Saint-Etienne-du-Rouvray