À l'entrée de Rouen, le site naturel de Repainville pourra s'étendre. L'enquête publique est achevée. L'expropriation de la station de lavage et de la casse auto, deux activités jugées polluantes, est désormais possible. Quelle compensation financière est alors envisagée pour les propriétaires ? C'est un sujet très épineux.
Le parc naturel urbain de Repainville est une vaste zone écologique et bucolique de dix hectares, une zone humide particulièrement riche en biodiversité. Mares, tourbières, roselières se partagent le site avec des jardins familiaux, aux confluents de deux rivières, l'Aubette et le Robec.
À l'est de la ville de Rouen, entre la route de Lyons-la-Forêt et la voie ferrée, le lieu présente aussi un intérêt pour d'autres activités moins champêtres. Une grande surface de bricolage convoitait il y a plusieurs années ces terrains, il y eut aussi en son temps une station essence.
Aujourd'hui, le site est protégé, et classé zone naturelle. Des riverains et des associations veillent aussi sur cet oasis urbain. La ville de Rouen poursuit son aménagement, et a entrepris d'obtenir le départ de deux entreprises jugées trop polluantes pour cette zone préservée.
"Une casse dans un site naturel, c'est incongru quand même"
À Repainville ( ancien hameau), situé sur les communes de Rouen et Darnétal, il reste deux entreprises. La première est une station de lavage auto, la seconde un garage avec une casse automobile.
L'adjoint au maire de Rouen, Jean-Michel Bérégovoy explique que cette proximité entre le parc et les entreprises n'est plus possible : "le site est beau et utile, c'est une zone humide qui protège Rouen". La dépollution des terres de la casse automobile est anticipée : "Le projet prévoit de la phytoremédiation, de la dépollution par les plantes en relation avec l'université".
Mais seule une déclaration d'utilité publique (pour l'aménagement du parc naturel urbain) ouvre la voie à un départ des deux sociétés. Jusqu'à présent, les négociations amiables ont échoué .
La ville de Rouen se voit dans l'obligation de recourir à une procédure de Déclaration d'Utilité Publique dans le but d'acquérir, le cas échéant par voie d'expropriation, toutes les parcelles nécessaires à la réalisation du projet.
(dossier enquête publique d'avril et mai 2024, page 3)
"Être exproprié oui, mais pas à n'importe quel prix !"
Lors de l'enquête publique (en avril et mai 2024), le responsable de la casse automobile et celui de la station de lavage ont été reçus. Ils jouissent d'un bon emplacement à l'entrée de ville sur un grand axe. Déménager présente beaucoup d'inconvénients.
La question essentielle est celle du montant proposé pour le rachat des parcelles. Dans le document de l'enquête publique, on peut lire que deux millions quarante mille euros sont envisagés pour le rachat du site de la casse auto et de la station de lavage.
La société de lavage auto a présenté "un argumentaire contestant l'intérêt de la DUP (déclaration d'utilité publique) et sa légitimité." (rapport final de l'enquête publique, page 19)
Pour Giuseppe Musillo, propriétaire du garage et de la casse auto, le montant du rachat est nettement insuffisant :"il faut me retrouver un site dans le secteur. La somme, c'est de la foutaise on n'a rien à ce prix-là".
Le commissaire enquêteur constate que les associations sont favorables à la déclaration d'utilité publique des nouveaux aménagements, et que ce cadre légal permettra de faire évoluer les négociations et éventuellement de prononcer une ou deux expropriations.
"Un accord sur les conditions financières ne pourra probablement pas être obtenu par une simple négociation et la D.U.P. est vraisemblablement nécessaire pour fixer un cadre plus contraignant au dialogue. "
C'est le préfet de Seine-Maritime qui pourra prononcer, ou non, la déclaration d'utilité publique.