Membre de la commission de la culture, de l’éducation, de la communication et du sport au Sénat, Catherine Morin-Desailly a saisi la ministre, Élisabeth Borne, pour que la "vague de suicides" dans l'Éducation nationale en Normandie soit "rapidement analysée".
Suite à la révélation des syndicats d'une "vague de suicides" dans l'Éducation nationale en Normandie, selon les syndicats, Catherine Morin-Desailly, sénatrice, saisit la ministre de l'Éducation nationale, ce mercredi 29 janvier 2025.
Des conditions de travail dégradées
"Depuis le mois de juin depuis 2024, soit en seulement sept mois, l’académie de Normandie enregistre un sombre record puisque neuf collègues se sont suicidés et trois ont tenté de mettre fin à leurs jours", dénonce Claire-Marie Féret, la secrétaire académique du SNES-FSU en Normandie, professeur en collège.
Claire-Marie Féret met en avant des conditions de travail dégradées : "Il y a un manque chronique de personnels avec un turn-over permanent et de nombreux postes vacants, la relation avec les élèves et les familles est compliquée et le management est brutal. Les collègues se retrouvent sans interlocuteur quand ça ne va pas et reçoivent même des intimidations..."
La sénatrice demande une enquête
Ancienne enseignante, la sénatrice est particulièrement sensible à ce dossier. "Face au nombre inquiétant de suicides d’enseignants, d’accompagnants d’élèves en situation de handicap ou de personnels de vie scolaire au sein de l’Académie de Normandie rapporté par les syndicats", elle apporte son soutien à l'ensemble des agents de l'académie.
Elle interpelle Élisabeth Borne "afin que soient rapidement analysés cette situation et ce qui a conduit à ce que de tels drames se produisent".
Elle demande à ce que soit "rapidement" diligentée une enquête et instauré un dialogue entre les personnels scolaires et le rectorat "afin de trouver des solutions à la détresse exprimée". Pour elle, il faudrait des services Ressources humaines en proximité au sein de l’Éducation nationale.
Une réunion entre syndicats et rectorat
Mercredi 29 janvier 2025, se tenait une réunion d’une Formation Spécialisée Santé Sécurité Conditions de Travail extraordinaire consacrée à la prévention des risques suicidaires avec le rectorat et les syndicats à Rouen (Seine-Maritime).
Les syndicats ont demandé des mesures de prévention, d'accompagnement, une formation des managers mais aussi plus de communication de la part du rectorat sur le sujet.
Le rectorat a deux mois pour répondre à leurs demandes.
De son côté, la rectrice se félicite "de la qualité des échanges qui se sont tenus avec les organisations syndicales, sur ce sujet dramatique".
Les échanges tenus lors de cette instance ont permis d’évoquer, "avec gravité et responsabilité" indique le rectorat dans un communiqué, "les difficiles questions que soulève l’acte suicidaire, depuis sa prévention jusqu’à la façon de le prendre en charge quand, de manière tragique, il survient".
Quels dispositifs ?
Le rectorat indique que les dispositifs existants, les actions déjà en place ont été évoqués lors de cette réunion, tels que "le livret académique identifiant les ressources accessibles aux personnels, ou le guide des situations à risque. Ces outils feront l’objet d’une nouvelle diffusion afin qu’ils soient mieux connus et partagés".
L’intérêt de la formation des personnels à la prévention des risques psychosociaux a été rappelé : des actions seront également mises en œuvre en ce sens, notamment à l’intention des personnels encadrants, pour favoriser l’appropriation de ces questions au plus près des collectifs de travail.
"Le plan de prévention des risques psychosociaux, précédemment défini pour la période 2021-2024, sera rapidement actualisé", promet le rectorat.