En Seine-Maritime, ces boutiques d’un autre siècle qui perdurent à travers les générations

Leur décor suranné charme au premier coup d’œil, on y déniche des choses introuvables ailleurs…Droguerie, quincaillerie, mercerie ou épicerie, nous vous proposons de rencontrer des familles de commerçants passionnés à Duclair, Rouen et Dieppe.

Chez Deconihout, le commerce est une histoire de famille


Rue du Gros Horloge à Rouen, Il est 9h 30, sur le trottoir,  la droguerie  Deconihout  met en place  son étal. A l'intérieur, tout le monde s'affaire pour étiqueter, ranger les livraisons du jour. Mais très vite les premiers clients sont là, et le défilé ne s’arrêtera pas avant le soir.

Aux commandes de la boutique depuis 1921 , la famille Deconihout. Jérôme, 61 ans, appartient à la troisième génération de droguistes, mais tout a commencé en 1921 avec son grand-père Jules. Celui-ci rachète alors une boutique déjà bien connue sur la place rouennaise, qui s’appelait alors Rabazou. Les deux noms coexisteront un temps sur la devanture. Jules et Madeleine, son épouse, tiendront la boutique jusqu’en 1952. Ensuite son fils Guy prendra la suite, jusqu’à l’arrivée de Jérôme.

Si certains produits n'ont pas changé depuis plus d'un siècle,  le métier a beaucoup évolué. Pendant longtemps la plupart des produits vendus dans le magasin étaient fabriqués dans un atelier sur place. Le droguiste effectuait  lui-même  les mélanges  de matières premières pour concevoir des produits d’entretien de toutes sortes, une chose rendue aujourd’hui impossible avec l’arrivée des multiples normes de sécurité.
 
VIDEO : le reportage de Bérangère Dunglas et Stéphane L'hôte (montage : Stéphanie Letournel)


Le changement dans la continuité

L'immeuble abrite une droguerie depuis le début du 20e siècle et sur les 5 niveaux de la maison, on retrouve parfois quelques antiquités, comme cette vitrine contenant un hippocampe ou  un ténia, souvenir d’un temps où à l’étage Jules Deconihout faisait visiter aux classes d’écoliers son laboratoire d’entomologie à l’étage.
Mais le magasin a bien changé quand même, ainsi en 2005, l'appartement qu'occupait les grands parents de Jérôme a été transformé en surface de vente pour la décoration, permettant de doubler la taille du magasin et de diversifier la marchandise.

 « Ici on résout tous les problèmes »

Chez Deconihout, on trouve aussi bien des ampoules que de la cire d'abeille ou de l'eau japonaise, en tout plus de 30 000 références. De quoi satisfaire les besoins des particuliers  aussi bien que des artisans d’art.
Dans la boutique se succède ainsi une clientèle habituée qui sait qu’ici elle trouvera à coup sûr ce qu’elle cherche avec le conseil en prime.

La pérennité assurée

Dans les années 60, ils ont été jusqu'à 15 personnes à travailler dans le magasin, aujourd'hui ils sont 7 parmi eux Quentin. Depuis 6 ans, l'arrière-petit-fils de Jules Deconihout et fils de Jérôme a rejoint l'équipe et devrait prendre la succession.
La droguerie Deconihout fêtera l'an prochain son centenaire et semble avoir encore de beaux jours devant elle…

 

Chez Homo-Roussel la passion est au bout des doigts


A Rouen et même au-delà, la boutique est connue des afficionados. Si Homo Roussel a plusieurs fois changé d’adresse dans la ville, le commerce existe depuis 1864.
Le magasin était alors une passementerie crée par les frères Homo rejoints ensuite par Monsieur Roussel, ils travaillaient alors exclusivement avec des tailleurs et leur vendaient du tissu au mètre et des boutons marrons ou bleu marine, loin du chatoiement de couleurs de la boutique d’aujourd’hui. C’est en 1962, qu’Albertine Ramella-Pezza, mère de l’actuelle propriétaire reprend le commerce pour en faire une mercerie.
Passementerie, galon brochet ou folklorique, dentelles, rubans, boutons... ici, couturières néophytes ou professionnelles, bricoleurs ou dentellières peuvent combler toutes leurs envies.
 
VIDEO : le reportage de Bérangère Dunglas et Judikaëlle Rousseau (montage : Stéphanie Letournel)


De nouvelles attentes de la clientèle

Installée pendant  plus de 60 ans rue du Gros Horloge, le magasin a déménagé il y a deux ans. L’occasion pour la patronne d’adapter l’aménagement aux nouvelles attentes de la clientèle. « Avant il y avait un grand comptoir qui gênait l’accès aux produits, aujourd’hui les clientes aiment voir les produits de près, elles ont besoin de les toucher, ce que permet la nouvelle boutique ».
Au fond de la mercerie, un espace accueille désormais l’après midi des ateliers animés par des professionnelles.
Dentelle au fuseau, broderie, couture, chaque jour les disciplines varient.

Une succession à prendre…

Voilà 30 ans que Sylvia Ramella-Pezza a rejoint le magasin. Jusqu’en mai dernier, sa mère Albertine était encore dans la boutique. A 58 ans se posera bientôt pour elle la question de sa succession et aucune de ses deux filles n’a prévu de reprendre. Sylvia aimerait transmettre la mercerie à une passionnée, avide d’apprendre…

Une qualité d’accueil et de service

Broderie, couture ou crochet, chez Homo-Roussel les vendeuses ont chacune leur spécialité pour aiguiller la clientèle et lui donner des conseils.
Depuis quelques années la couture fait un retour en force notamment parmi la jeune génération, une chance pour la mercerie.

Sylvia est convaincue qu’une boutique comme la sienne a encore de l’avenir. « Où pouvez-vous trouver un seul bouton, pas au supermarché, ici on vous le vend et on vous explique comment le poser ».
Et des boutons chez Homo Roussel il y en a des milliers, pour satisfaire toutes les envies, des plus classiques aux plus originales. De quoi créer encore longtemps...

 

A Duclair, la quincaillerie Lebesnerais est un lieu qui a traversé le siècle


Dans les Boucles de la Seine à Duclair, c’est sur la place du village qu’est installée depuis 90 ans la quincaillerie Lebesnerais, une institution locale.

« J’ai toujours voulu faire ce métier »

A la tête du magasin, Patrick Lebesnerais est la 3éme génération à travailler dans la quincaillerie.
Vis tôlé, boulon jap, manchons mais aussi brosse, brouette, bouchons, ici de la cour au plafond on trouve plus de 18 000 articles, une quincaillerie restée dans son jus comme on dit avec des boîtes de rangement en bois qui datent même de la fin du 19e siècle.

C’est en 1929 que son grand père Alphonse rachète le commerce, il y alors 4 quincailleries dans le village puis viendront ses parents en 1955. Un CAP de quincailler en poche  Patrick travaille avec son père dès l’âge de 16 ans, avant de reprendre avec son épouse en 1992.

Pour Anne-Sophie, sa femme, s’il était logique et naturel de travailler dans la quincaillerie, cela n’a pas toujours été facile, surtout qu’elle n’était pas particulièrement « bricoleuse » avant de rejoindre le magasin. «  Il y a des gens qui préfèrent être servis par monsieur ». Plusieurs années d’apprentissage ont été nécessaires avant de différencier les différentes sortes de boulon ou de vis.

Voilà près de 30 ans que le couple travaille avec une employée et un apprenti de 8h le matin à 19h le soir mais à 59 ans, Patrick commence à penser à passer la main . Même s’ils y ont un temps pensé, aucun de ses fils ne souhaite finalement reprendre l’épicerie. Une petite déception pour le quincailler qui aimerait néanmoins transmettre. Il reste convaincu, que malgré la concurrence d’internet, un couple peut vivre sans problème de la quincaillerie.
 
VIDEO : le reportage de Bérangère Dunglas et Olivier Journiat (montage : Stéphanie Letournel)


Le retour du bicarbonate de soude !

En 50 ans le travail a bien évolué, les produits de quincaillerie pure comme les chaînes ou le galvanisé disparaissent peu à peu des demandes. Le marchand a dû s’adapter en fabriquant des clefs par exemple ou en vendant de l’électroménager.

Certains produits en revanche font un retour en force, notamment ceux qui permettent de fabriquer les produits d’entretien soi-même,  comme le bicarbonate de soude, qui avait complétement disparu des étals et qui est aujourd’hui très recherché.
Parmi la clientèle à la recherche de produits plus naturels, une clientèle plus jeune, qui souhaite faire travailler les magasins de proximité….
 

A Dieppe, les gourmandises de la maison Olivier 


A Dieppe dans l'une des rues principales du centre-ville, la rue Saint Jaques,  il est une épicerie bien connue des habitants, la maison Olivier.
C’est en 1958 que Marcel Olivier rachète l’épicerie, il en fait un magasin moderne pour l'époque avec des produits jusqu'au plafond. En 1981 quand Claude et Régine les parents de Bénédicte reprennent, ils agrandissent la boutique en créant une partie cave à vin.

C'est en 2006, que la petite fille de Marcel Olivier décide, après  plus de 10 ans dans le contrôle de gestion chez Bouygues à Rouen  de reprendre l'épicerie familiale… Une décision qu'elle prend avec son mari Jérôme, éducateur sportif par ailleurs, formé par son beau-père, c'est lui qui gère désormais  toute la torréfaction de l'épicerie.
 
VIDEO : le reportage de Bérangère Dunglas et Judikaëlle Rousseau (montage : Stéphanie Letournel)


Depuis son arrivée Bénédicte a, elle aussi fait évoluer l'épicerie en ouvrant en face une boutique pour le thé, une autre consacrée à la dégustation à l’entrée de ville pour régler les problématiques de stationnement. A 47 ans, la question de la transmission ne se posera pas tout de suite pour Bénédicte et si ses filles n’ont pour l’instant pas l’intention de reprendre l’épicerie, elles viennent volontiers donner un coup de main. En cette  période de fête, c’est  Floriane, l’aînée qui est là.
« Est-ce que je vais reprendre après mes parents ? C’est la question qu’on me pose tous les jours depuis que je suis là ».

« Ici on ne choisit pas les produits sur catalogue, on connait directement les producteurs »

A l'épicerie  Olivier,  tout est question de carnet d'adresse et de choix des producteurs pour les fromages de Neufchâtel comme pour tout le reste, pour Bénédicte c'est une priorité.

 
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