Le célèbre Breizh Cola passe sous le giron de la puissante coopérative agricole, Agrial. Sauf qu'Agrial, dont le siège social est à Caen, est le symbole de la réussite...normande. Bretons et normands se disputent déjà le Mont-Saint-Michel, le Breizh Cola va t-il entrer dans la joute ?
La bataille pour sauver l'identité du Breizh Cola a déjà commencé sur les réseaux sociaux. Elle était inévitable tant celle pour le Mont Saint Michel nourrit bien des échanges houleux depuis des décennies. Breizh Cola et les bières Lancelot rachetés par des normands, la nouvelle fait trembler le granit et les Dolmen menacent de se renverser.
"Non mais non ! ça veut plus rien dire Breizh de Normandie, ou alors juste en vente sur le mont Saint Michel à la rigueur", s'exclame un internaute sur twitter. "La suprématie des normands : d'abord le Mont St-Michel et maintenant Breizh Cola... j'ai toujours ressenti couler en moi, le sang conquérant des vikings", ironise un peu plus loin un autre participant à la conversation, commentaire estampillé par un émoji fou-rire. Il faut en rire, c'est primordial. "Des guerre ont été déclarées pour moins que ça", provoque un autre. C'est taquin mais des deux côtés comme toujours, on ne lâche...jamais rien. Le Mont Saint-Michel en fait souvent les frais.
Le Mont Saint Michel c’était dur mais ça passait ! Mais le Breizh Cola et la Lancelot c’est un grand non ! Rend l’argent @WeAreMalherbe ! ? https://t.co/RAuvs8HW1a
— Le Neum's ™ (@Le_Neums) November 26, 2020
Une trahison ou une stratégie?
La petite histoire ne fait pas trop sourire l'heureux nouveau propriétaire de la marque, Breizh Cola. Agrial assure que ce n'est pas la fin d'une histoire bretonne et a bien des arguments, pour tempérer le vent d'indignation qui se profile.D'abord et avant tout parce que ce géant de l'agro-alimentaire n'est plus le petit normand que l'on croit : "certes tout est parti au début des années 2000 d'une histoire de fusion entres coopératives normandes (celles de la Manche, de l'Orne et du Calvados) mais Agrial aujourd'hui, c'est la coopérative du grand Ouest avec des bureaux à Nantes et à Rennes qui emploient plus de monde qu'à Caen, siège historique. Et un quart des agriculteurs-adhérents sont de Bretagne", précise Sarah Deysine, la pétillante directrice de la communication.
Agrial emploie désormais près de 23 000 personnes ( 50 à Caen) et compte 13000 agriculteurs.
Alors cette vente du soda régional (qui comprend aussi les bières Lancelot) à un groupe normand n'est pas un hasard? A priori, non. Le fondateur de l'entreprise Phare Ouest qui produit ce Breizh Cola, Stéphane Kerdodé, a répondu très clairement à nos confrères du journal breton, Le Télégramme et il assure avoir toujours fermé la porte à d'autres investisseurs, tous étrangers : "Il n’y a pas de trahison. Sur les 15 000 salariés d’Agrial, 3 500 sont en Bretagne chez Loïc Raison, Maître Jacques et Kerisac. Je préfère vendre à un groupe d’agriculteurs qu’à un fonds d’investissement luxembourgeois ou une entreprise étrangère. Breizh Cola et Lancelot vont rester autonomes. »
Mais savez-vous qui fabrique (déjà) Breizh Cola depuis 10 ans ?
Et bien, c'est sans surprise Agrial. Voilà pourquoi la confiance est grande et la continuité assurée. En effet le Breizh Cola est fabriqué près de Rennes et Vitré (35), à Domagne et il ne changera pas de lieu de production.
Le Breizh Cola est donc fabriqué chez Agrial depuis bien longtemps, avec le cidre Loïc Raison.
Les détracteurs de l'identité du Breizh Cola réaliseront alors que bon nombre de "leurs" marques sont déjà propriété de la normande Agrial, notamment les cidres Raison et Kerisac.
Certains pimenteront leurs arguments de cette subtilité : le Breizh Cola n'est finalement pas si différent du Mont Saint-Michel car il est fabriqué non loin de lui... à la frontière entre les deux régions.
Agrial qui détenait déjà un peu moins de la moitié des parts va donc devenir actionnaire majoritaire de la pépite du soda français, Phare Ouest et son Breizh Cola, au 1er janvier 2021. Le nouveau directeur sera (toujours un breton), Laurent Guillet du cidre Kerisac. Une histoire qui on peut le voir, reste "en famille".
Les 20 millions de bouteilles vendues, chaque année, par Breizh Cola permettent à la marque de rester l'un des leaders sur ce marché. L'équitable Meuh Cola, autre marque bien normande celle-là, n'a rien à voir dans cette saga et reste indépendante.