Passée par l’Islande, la Patagonie ou encore l’Indonésie, Lucie Prunier est revenue en terre connue. Fille d’éleveur laitier, elle a choisi de créer sa fromagerie, avec une originalité : le bleu de Normandie.
C'est Aux fromages de France - Epicerie Hergault à Tinchebray-bocage que Lucie Prunier a vendu son tout premier bleu de Saint-Jean, un ovni sur le marché normand. « C’est un peu une idée farfelue au départ, mais j’aime bien les idées farfelues, j’aime pas faire comme tout le monde », s’amuse la jeune femme.
En Normandie, la production de bleu est rare et Lucie s’efforce de le faire gouter sur les marchés pour convaincre le cœur des gens. « Il peut faire peur visuellement mais il est vraiment doux, j’ai réussi à réconcilier beaucoup de personnes avec le bleu, c’est quand même une fierté », se félicite la jeune exploitante.
Une fierté et un plaisir partagé par Sophie Hergault. Sur les étals de son magasin, le bleu de Saint-Jean se fait une petite place entre le Salers et le Roquefort. « Les gens nous le prennent souvent en quart ou en demi. C’est une belle découverte et puis Lucie est du coin donc on est vraiment ravis de vendre ses produits », s’enthousiasme l’artisan-commerçante.
Partir loin pour mieux revenir
L'idée a mûri il y a quelques années au cours d'un long voyage autour du monde entrepris avec une de ses sœurs. Nouvelle-Zélande, Ushuaia, désert de Gobi, Lucie y est allée aussi à la découverte d’elle-même, « pour trouver des réponses, savoir ce que j’allais faire de ma vie, les décisions que j’allais prendre. Je me suis rendue compte que j’aimais vraiment ma région et notre ferme », confie la jeune Normande.
C’est en rentrant de voyage que la jeune femme a annoncé à son père vouloir monter un atelier de transformation pour faire du fromage. « Je suis la troisième génération et la quatrième avec Lucie, donc c’est une continuité, c’est un patrimoine qui va rester dans la famille », se réjouit Alain Prunier.
En 2019, Lucie a pris possession d’une petite fromagerie construite près de la salle de traite de la Ferme de la Talboisière, située à une vingtaine de kilomètres de Flers dans l’Orne. Il restait à mettre au point une recette. « Pour environ 500 litres de lait on a à peu près cinq millilitres de penicillium roqueforti, comme dans le roquefort en fait. Je me suis appropriée une recette qui n’est pas normande », détaille la jeune femme.
Lucie ne s'était pas vraiment projetée si tôt le matin, à puiser un peu de lait pour son propre fromage, malgré des études dans le secteur de l’élevage. « J’ai un certificat de spécialisation en élevage laitier donc c’était quand même quelque chose qui était en tête mais de là à faire du fromage… Non, ça vraiment, jamais je ne l’aurai pensé », s’amuse-t-elle.
Et pourtant, son fromage est aujourd'hui commercialisé dans cinquante-cinq magasins en Normandie.