L'épidémie de la maladie de la "langue bleue", débutée l'an dernier aux Pays-Bas, est apparue cet été en France. Elle se trouve aujourd'hui aux portes de la Normandie. Les autorités sanitaires recommandent aux éleveurs de vacciner leurs animaux sans attendre.
C'est un virus sans danger pour l'homme mais qui peut entraîner de sévères affections pour les animaux, en particulier les ovins. Fièvre, troubles respiratoires, langue pendante ou perte des petits en gestation en sont les principaux symptômes. "Elle a entraîné 10% de mortalité sur le cheptel ovin, lors de son passage en Hollande", rappelle Etienne Gavard, le directeur du Groupement de défense sanitaire du Calvados. "Sur les bovins, elle entraîne beaucoup de maladies. Les éleveurs sont obligés de soigner, pendant trois semaines - un mois, les animaux qui ont du mal à manger, à marcher, à se laisser téter par les veaux pour les vaches allaitantes. C’est une maladie préoccupante."
C'est en septembre 2023 que le nouveau sérotype 3 de la fièvre catarrhale a été décelé pour la première fois en Europe aux Pays-Bas. Celui-ci a ensuite détecté en Belgique, en Allemagne et au Royaume-Uni. Moins d’un an plus tard, des premiers cas ont été identifiés cet été en France. Une soixantaine de foyers ont été recensés dans l'hexagone selon le dernier bilan de l'Organisation mondiale de la santé animale, publié le 16 août.
"Elle va arriver, il faut s'y préparer"
Pour l'instant, aucun cas n'a encore été identifié en Normandie. Mais l'étau se resserre. "Les cas les plus proches se trouvent dans la région parisienne, au sud de l’Aisne, et entraînent une zone régulée qui va jusqu’aux frontières de la Normandie", indique Etienne Gavard, "Il y a des mouvements d’animaux, par ailleurs, au sein de la zone, et c’est véhiculé par un moucheron. Donc cette maladie va gagner du terrain. Nous ne pouvons pas prédire avec précision à quel moment elle va arriver dans la région. Mais elle va arriver. Il faut s’y préparer."
La Normandie fait donc partie des régions "à risque" ciblées par la campagne de vaccination massive lancée la semaine dernière par les autorités. L'État a prévu de distribuer gratuitement 6,4 millions de doses de vaccin, dont 1,1 million pour les ovins et 5,3 millions pour les bovins. Les éleveurs sont habilités à faire les injections eux-mêmes après avoir commandé le vaccin auprès de leur vétérinaire sanitaire.
"Les doses arrivent demain (22 août) et après-demain (23 août) pour les premiers qui ont commandé", assure le directeur du Groupement de défense sanitaire du Calvados, "Sur les bovins, il faut deux injections, espacées de trois semaines d’intervalle. Sur les ovins, la vaccination se fait en une seule injection. Il n’y a pas de limite de temps pour la faire. Nous conseillons cependant de la faire le plus vite possible dans la mesure où nous ne connaissons pas la date d’arrivée du virus sur notre territoire normand."
L'impatience monte
La campagne de vaccination a déjà commencé la semaine dernière dans d'autres régions. Si, dans certains départements comme la Côte d'Or, les doses sont arrivées dans les délais promis par les autorités (24 à 72 heures après la commande), l'impatience monte dans d'autres régions. Plusieurs éleveurs du Nord et du Pas-de-Calais ont ainsi affirmé à l'AFP que leurs vétérinaires, qui ont passé commande de vaccins dès le premier jour d'ouverture de la plateforme le 12 août, n'avaient pas été livrés une semaine plus tard.
Selon le ministère de l'agriculture, la première commande de doses, soit 4,6 millions, est pourtant "livrée en totalité". Une seconde commande d'1,8 million de doses devrait être livrée en septembre.