Le président de l'association des victimes du Mediator, le médecin bordelais Dominique-Michel Courtois relaie la colère des malades. L'AVIM a présenté 5000 dossiers d'indemnisation dont 500 ont déjà été examinés.
Pour les victimes, les premiers rejets sont particulièrement durs à accepter. "Nous sommes très en colère contre le collège d'experts" commente le Dr Dominique-Michel Courtois. "Le refus risque de porter sur des milliers de dossiers", prédit-il. Il souligne que les refus déjà signifiés portent principalement sur les petites fuites cardiaques.
Ces valvulopathies bénignes, assez fréquentes dans la population âgée, sont rejetées par le collège d'experts, parce qu'il est difficile d'établir un lien "direct et causal" avec la prise du Mediator, relève la pneumologue Irene Frachon, qui a dénoncé la première les dangers du Médiator. "On ne peut pas prouver à 100%, mais il faut que le doute bénéficie à la victime alors qu'il bénéficie actuellement à Servier", ajoute-t-elle, en soulignant notamment "le préjudice d'angoisse" et "le caractère symbolique de la réparation".
Le Mediator, un médicament des laboratoires Servier destiné aux diabétiques en surpoids, a été largement détourné comme coupe-faim durant sa commercialisation de 1976 à 2009. Il est soupçonné d'avoir provoqué la mort d'au moins 500 personnes en 30 ans, voire 1.320 à 2.000 selon d'autres estimations. Il a été retiré du marché en novembre 2009 en raison des risques cardiaques encourus
par les patients.
"une décision idéologique et stratégique"
Pour rejeter les demandes, les membres du collège d'experts, dirigé par Roger Beauvois, mettent en avant l'âge avancé du malade, la prise d'anti-migraineux susceptibles d'entraîner des problèmes cardiaques, ou des rhumatismes articulaires aigus contractés dans l'enfance, relève le Dr Courtois. Cette décision de l'Oniam de ne pas indemniser les petites valvulopathies est "une décision idéologique et stratégique parce qu'il y a trop de dossiers", relève Me Charles Joseph Oudin, un avocat des victimes.
Sur le plan judiciaire, un premier procès du Mediator devant le tribunal de Nanterre, initialisement prévu en mai, a été reporté au 14 décembre prochain. Jacques Servier est parallèlement mis en examen à Paris.