Le patron des Laboratoires Servier comparaît devant le tribunal de Nanterre ce matin. Les victimes espèrent...
Mediator : témoignage de'une victime
Un bordelais de 77 ans qui souffre de problèmes cardiaques après avoir pris du Mediator attend beaucoup du procès qui s'est ouvert ce matin contre les Laboratoires Servier et son PDG.
Un an et demi après l'éclatement du scandale Mediator, c'est le premier procès pénal qui s'ouvre ce matin, en présence de Jacques Servier. Ce médicament aurait provoqué la mort de 500 à 2000 personnes et rendu gravement malade des milliers de victimes. Mais le tribunal de Nanterre pourrait demander le renvoi.
Aujourd'hui ce sont plus de 350 personnes qui demandent réparation à Jacques Servier, 90 ans, et aux laboratoires éponymes, deuxième groupe pharmaceutique français.
Un procès qui permet de ne pas attendre l'instruction menée au Pôle santé de Paris. Celle-ci pourrait durer des années et les victimes gravement atteintes réclament une justice rapide.
Les parties civiles ont donc misé sur une procédure courte : une citation directe pour "tromperie aggravée". Elles doivent dans ce cas apporter les preuves de ce qu'elles avancent sans toutefois avoir accès aux investigations parisiennes.
Le médiator, un poison pour le corps
Les plaignants reprochent à Servier de les avoir "délibérément" trompés sur la composition du Mediator en ne les informant pas de "la nature anorexigène" de son principe actif, le Benfluorex, alors que ce dernier relâcherait dans l'organisme une substance toxique, la norfenfluramine, une molécule très proche de l'amphétamine.
Or la norfenfluramine provoque des hypertensions artérielles pulmonaires, qui peuvent nécessiter une greffe, et multiplie par trois le risque de valvulopathies.
Le Mediator, largement détourné comme coupe-faim durant sa commercialisation de 1975 à 2009, est soupçonné d'avoir causé au moins 500 morts en 30 ans, voire 1.000 à 2.000 selon d'autres estimations.
5 millions de personnes en ont consommé
L'annonce de ces chiffres par l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé en novembre 2010 avait créé une onde de choc dans le système français du médicament, conduisant au vote en décembre 2010 d'une réforme renforçant le contrôle des produits de santé.
La défense de Servier estime que l'affaire est "hautement technique et scientifique".