Crise économique oblige, de plus en plus de personnes ont recours au système du Mont de Piété. Ils déposent au Crédit Municipal des objets contre un peu de liquidité. Ces temps-ci, le Mont de Piété a observé près de 250 dépôts par jour.
Depuis début janvier, le Crédit municipal de Bordeaux enregistre près de trois fois plus de clients que d'habitude. Le profil-type des personnes qui ont recours à ce système est une femme entre 45 et 48 ans qui a besoin de liquidité tout de suite et qui ne trouve pas ce service auprès de sa banque.
Depuis trois mois le montant moyen des prêts (contre un dépôt d'objet) est de 600 à 700 euros alors qui était de 350 jusqu'en novembre. De plus en plus les clients de "chez ma tante" ou du Mont de piété ont des revenus corrects mais n'arrivent plus à boucler les fins de mois. Les jeunes retraités font partie de cette nouvelle "clientèle".
D'un autre côté, d'autres personnes recherchant les bonnes affaires sont assidues des ventes d'objets n'ayant pas été récupérés au bout d'un an par leurs anciens propriétaires. La prochaine vente aura lieu le 20 février prochain à Bordeaux.
Regardez le reportage de Patricia Mondon et Thierry Julien.
Toute une histoire
Le mont-de-piété est un organisme de prêt sur gage, qui a pour mission de faciliter les prêts d'argent, notamment en faveur des plus démunis. L'idée du mont-de-piété est née en 1462, quand un moine italien, Barnabé de Terni, cherche un moyen de combattre l’usure et les taux d'intérêt abusifs (jusqu'à 130 %) pratiqués à l'époque. Il convainc les riches de la cité de Pérouse de constituer un fonds permettant de créer un établissement de prêts sur gages : le Monte di Pietà.En France, un mont-de-piété est fondé à Avignon en 1610 par la Congrégation de Notre-Dame de Lorette, mais la ville est à cette époque une cité papale depuis 1348, et le restera jusqu'en 1791. C'est à Paris que le fondateur de La Gazette de France, Théophraste Renaudot, ouvre le 27 mars 1637 le premier mont-de-piété. Cinq ans plus tard, le roi Louis XIII autorise 58 autres villes du royaume à établir des monts-de-piété.
La "tante" du prince de Joinville"
Après de multiples interdictions puis ré-instaurations des monts de piété , c'est au 19ème siècle, le succès du mont-de-piété de Paris est tel qu'il n'apparaît plus seulement comme l'antichambre de la misère. Le propre fils de Louis-Philippe, le prince de Joinville François-Ferdinand d'Orléans, aurait ainsi déposé sa montre pour honorer une dette de jeu. Quelque peu honteux, il avait prétendu l'avoir oubliée "chez sa tante". D'où l'expression « ma tante » pour qualifier le mont-de-piété.En octobre 1918, un décret transforme les monts-de-piété en caisses de Crédit Municipal. Le mont-de-piété de Paris devient ainsi le Crédit municipal de Paris. Le changement de dénomination correspond au développement de ses activités bancaires parallèlement aux prêts sur gages. (source Wikipédia).