Un lycéen de 18 ans, qui avait agressé en septembre son professeur, a été condamné vendredi à une peine de 120 heures d'intérêt général. Le procès a révélé que l'enseignant et l'élève entretenaient pourtant d'excellentes relations avant les faits qui avaient eu un retentissement national.
Le tribunal correctionnel a suivi les requisitions du ministère public, qui avait demandé une sanction à "vertus réparatrice et éducative", pour une "transgression d'une gravité, d'une résonance particulières car survenue à l'école, lieu où l'on apprend la façon de se comporter en société".
Un professeur d'histoire-géographie de 36 ans d'un lycée professionnel avait reçu gifle, coup de poing et coup de tête de l'élève de première. L'altercation faisait suite à un vif désaccord lors d'un cours sur le fait religieux, qui avait évoqué la situation socio-politique au Maroc, dont la famille de l'élève est originaire.
Paradoxalement, le lycéen était très proche de l'enseignant, qu'il aidait parfois à maintenir le calme en classe. "On avait une relation d'ami, pas de professeur à élève", a-t-il dit. Depuis "on s'est revus, on a pris des cafés, on s'est expliqué. Entre lui et moi, l'histoire est finie".
Le lycéen a expliqué comment il sentit que ce jour-là en cours son professeur le "poussait à bout par ses questions, à moi, pas aux autres", sur le Maroc notamment, selon lui parce que son enseignant savait ses origines marocaines. "C'était peut-être la faute du prof", a-t-il dit, tout en "regrettant" son geste "inacceptable".
Entendue au procès, une surveillante, qui ce jour-là avait été bousculée par l'élève "dans le feu de sa colère", a demandé la clémence. "Il a été assez puni par tout ce qui s'est passé ensuite, entre son exclusion, la réaction de ses parents et le battage médiatique", a-t-elle dit.
Depuis les faits, le lycéen a été exclu de son lycée, a brièvement repris dans un autre lycée à Mérignac, mais a abandonné, sentant que depuis les faits, "on ne me prend pas comme un élève comme les autres".
L'enseignant, Christophe Varagnac, avait préféré rester à l'écart de l'audience. Après les faits il avait dit s'être senti "trahi", le "coeur brisé", par un élève qu'il appréciait tout particulièrement.
Après l'agression, il avait été très sollicité dans les médias, et reçu par le ministre de l'Education Vincent Peillon, auprès duquel il avait insisté sur l'importance de la formation des enseignants, en particulier "pour l'enseignement auprès des publics difficiles".