Les cardinaux entreront ce mardi matin en conclave pour élire le successeur de Benoît XVI, selon un rituel inébranlable et strict datant du Moyen-Age. Cette cérémonie mériterait d'évoluer, selon Monseigneur Pascal Wintzer, l'archevêque de Poitiers.
Les cardinaux entreront ce mardi matin en procession dans la sublime Chapelle Sixtine peinte par Michel-Ange. Selon un rituel inébranlable et strict datant du Moyen-Age, les portes seront fermées "à clé". Ces derniers jours trois "papabili" ont été plus cités: le Canadien Marc Ouellet, le Brésilien Odilo Scherer, l'Italien Angelo Scola. L'occasion pour nous de revenir avec Pascal Wintzer, l'archevêque de Poitiers, sur l'une des cérémonies les plus rituelles de l'Eglise catholique.5000 journalistes du monde entier accrédités au Vatican. D'où vient cette fascination pour le conclave ?
C'est une journée importante, pas seulement pour les catholiques, mais aussi pour une part très importante de la population mondiale. Il est paradoxal de voir que, malgré une perte d'influence de l'Eglise, il y a un intérêt presque "exotique", pour cette codification d'un conclave très ritualisé qui peut apparaître comme étrange avec ces hommes habillés de manière très particulière... Mais je veux y voir aussi un intérêt plus profond pour une autre réalité loin de nos vies quotidiennes. Nos journées se ressemblent toutes et il y a peut-être une forme de nostalgie pour un rituel et une époque très éloignée de la nôtre.Le conclave n'est-il pas soumis à des jeux de pouvoir, avec des cardinaux ayant décidé de stratégies pour arriver à l'élection de leur candidat ?
C'est n'est pas un combat pour le pouvoir mais plutôt l'affirmation d'une vision de certains candidats pour l'Eglise catholique. Les cardinaux doivent donner un sens à la place de l'Eglise dans notre société. Et puis n'oubliez pas que les cardinaux se sont rencontrés pendant plus d'une semaine. Ils ont pu confronter leur regard sur le fonctionnement de l'église catholique, sur celui du Saint-Siège ainsi que leur analyse des grands dossiers qui traversent notre société.L'Eglise catholique est aussi traversée par un courant traditionaliste et un autre plus progressiste. Qui peut l'emporter dans ce débat ?
Peu importe la couleur de la peau du futur Pape. Nous avons besoin d'un Pape qui assure l'universalité pour l'Eglise catholique. Rien ne dit qu'un cardinal venu d'un pays du sud soit plus à même de représenter le rayonnement universel de notre église.Trois noms se détachent dans la "shortlist" : l'Italien Angelo Scola, le Brésilien Odilo Scherer et le Canadien Marc Ouellet. Vous avez un favori ?
Franchement non. La plupart de ces cardinaux sont des hommes de très grande valeur. Je connais un peu mieux Marc Ouellet que j'ai rencontré à Paris. Je l'ai également vu au Canada. Vous savez qu'il est francophone. C'est un homme chaleureux mais pour moi il est très difficile de donner une préférence. Remarquez que les cardinaux ne sont que 115 sur plus d'un milliard de catholiques, il y a donc une sorte de filtre qui a distingué les meilleurs des hommes de notre religion et il faut le dire aussi sans aucune femme. On sait que nous avons des femmes dans l'Eglise catholique qui ont largement les mêmes qualités intellectuelles que les hommes, mais elles ne peuvent pas être "cardinales".On pourrait imaginer un conclave avec des femmes ?
C'est impossible à l'heure actuelle puisque les cardinaux sont évêques et que les femmes ne peuvent pas accéder à ce titre. En revanche, il y a des synodes d'évêques à Rome organisés avec des femmes, religieuses ou laïques, qui prennent la parole. Elles sont encore minoritaires, mais on sent aussi que cela devrait évoluer. Leur présence va augmenter : on le voit déjà dans les diocèses en France avec une femme au conseil épiscopal. La question qui se posera, c'est : quelle place leur donner dans l'organisation de l'Eglise catholique ?Propos recueillis par Bernard Dussol