L’aphasie est un trouble de la production et de la compréhension du langage parlé et écrit (lecture, écriture) par lésion des réseaux qui supportent le langage dans un hémisphère du cerveau. 50 nouveaux patients aphasiques sont suivis au CHU de Bordeaux chaque année.
Invité : Pr Jean-Michel MAZAUX – PU/PH Service de médecine physique et de réadaptation – Pôle neurosciences cliniques - CHU de BordeauxDate de diffusion : Lundi 25 mars 2013
L’aphasie, qui a été décrite pour la première fois en 1862 par le neurologue bordelais Paul Broca, est un trouble acquis de la production et de la compréhension du langage parlé et écrit (lecture, écriture) par lésion des réseaux qui supportent le langage dans un hémisphère du cerveau, le plus souvent le gauche. C’est une pathologie très fréquente, qui survient dans environ un tiers des cas d’accident vasculaire cérébral. C’est un drame psychologique et familial, qui altère gravement la communication du patient avec ses proches, entraine isolement, repli sur soi, frustration et dépression. Cependant, des avancées importantes se sont produites au cours de ces dernières années dans la compréhension de l’aphasie, en relation avec les progrès fantastiques de l’imagerie fonctionnelle cérébrale. Ces évolutions ouvrent de nouvelles perspectives encourageantes pour la rééducation orthophonique.
Au CHU de Bordeaux – groupe hospitalier Pellegrin, dans le service de médecine de réadaptation du Pr Dehail, nous recevons pour rééducation en moyenne 50 nouveaux patients aphasiques par an, en hospitalisation complète ou de jour. Il s’agit principalement de patients adressés par l’Unité Neuro-vasculaire du CHU ou d’autres services de neurologie et neurochirurgie de Bordeaux et des villes d’Aquitaine. L’objectif est de favoriser la récupération du langage, d’aider le patient à mieux communiquer avec son entourage et de s’adapter psychologiquement à la situation. La prise en charge est le fait de toute l’équipe hospitalière. Les activités quotidiennes : toilette, prise du repas, les échanges informels, les séances de rééducation motrice sont autant d’occasions de stimuler le langage de la personne aphasique en complément de la rééducation orthophonique. Les techniques de celle-ci ont beaucoup évolué maintenant que l’on comprend mieux comment fonctionne le langage. Certaines techniques, faisant appel au geste, au chant, et très récemment des stimulations magnétiques cérébrales visent à favoriser directement la récupération des réseaux du langage. D’autres, dites écologiques, visent à améliorer les capacités de communication dans la vie quotidienne. Le rôle et la participation de la famille sont ici irremplaçables.
Améliorer l’insertion des personnes aphasiques est enfin un enjeu sociétal et national: il serait injuste de conclure ces lignes sans souligner les immenses efforts de la Fédération Nationale des Aphasiques de France pour faire connaitre, grâce aux plans nationaux Aphasie, les difficultés que rencontrent les personnes aphasiques pour participer à la vie d’une société qui donne chaque jour davantage d’importance à la communication.
Source : Pr JM Mazaux, PU-PH, Service de médecine physique et réadaptation, groupe hospitalier Pellegrin, CHU de Bordeaux