Les Bordelais, à l'entame tonitruante il y a deux semaines contre Montpellier (4-2), ont cette fois livré un brouillon insipide lors de la 34 journée de L1. Reims, en course pour le maintien, a obtenu un nul vierge à Bordeaux, devant des spectateurs, sortis samedi frigorifiés et frustrés.
C'était prévisible, si l'on considère que les girondins ont probablement déjà la tête à leur demi-finale de Coupe de France à Troyes le 7 mai, et que, pour les férus de statistiques, les quatre derniers Bordeaux-Reims en L1 se sont conclus sur ce score de 0-0.
Il faut dire qu'ils étaient privés initialement de leurs deux latéraux et habituels accélérateurs Trémoulinas et Mariano, et avaient mis sur le banc Diabaté, leur homme providentiel ces derniers temps, pour relancer Bellion.
Le choix n'a pas été payant. Il aurait pu être même catastrophique si Reims, avec trois joueurs formés au Haillan dans ses rangs, s'était montré plus habile dans la surface de Carrasso.
Par trois fois, les hommes de Fournier ont eu l'ouverture du score au bout du pied. Mais ni Glombard, devançant le gardien international sorti à l'aventure (29), ni Courtet qui manquait sa reprise sur un débordement de ce même Glombard (36), ni enfin Ayité, dont la frappe enroulée du gauche ne faisait que lécher le poteau bordelais (42), n'ont pu marquer.
A voir l'envie girondine à la reprise, on s'est dit que la traditionnelle remontée de bretelles de Gillot à la pause avait eu du bon.
Le premier ballon de l'entrant Poko a envoyé Bellion seul face à Agassa, mais son tir a été dévié en corner par le fessier du portier togolais (53).
Pour en voir plus, il a fallu attendre le dernier quart d'heure et l'entrée de Diabaté qui se signalait immédiatement, d'abord par une tête claquée en corner par Agassa sur un centre de Saivet (75), puis en... ratant complètement sa reprise sur un centre précis de Poko (77).
Malgré cette accélération soudaine, les Rémois ne s'en laissaient pas compter et auraient même pu ouvrir la marque sans un retour in-extremis de Planus devant Ayité, idéalement placé (79).
Le promu, en quête de points pour s'éloigner de la zone rouge, insistait mais manquait de lucidité pour conclure un trois contre un d'entraînement (87), qui lui aurait fait le plus grand bien.
Les déclarations :
- Francis Gillot (entraîneur de Bordeaux): "C'est un petit peu la même chose qu'à Sochaux, une première mi-temps qui est mièvre et une deuxième bien meilleure. On est toujours en réaction, on essaye de corriger ça, malheureusement ça se répète. C'est une prise de conscience, il faut jouer de la 1re minute à la 90e. C'est déjà compliqué quand on joue de la 1re à la 90e, alors quand on ne joue que 45 minutes, c'est encore plus compliqué de gagner des matches. Je n'ai pas d'explications. On est en réaction, j'entends beaucoup d'entraîneurs dire la même chose, on est dans un petit confort, on a du mal à en sortir. On avait quatre, cinq absents, je n'ai pas fait démarrer Cheick (Diabaté) car il avait mal hier. S'il y avait eu 2 ou 3-0, je ne l'aurais pas fait rentrer, là j'étais un peu obligé. On part au plus pressé, il y a des histoires de cartons jaunes (en vue du match de Troyes en Coupe de France), des blessures, des garçons qui sont fatigués, et on n'arrête pas de remixer l'équipe toutes les semaines, ce n'est jamais bon. La rentrée de Poko a réveillé l'équipe par son dynamisme, c'est un des seuls qui a gagné les duels, c'est beaucoup trop peu. En face, il y avait une équipe qui avait beaucoup plus de gnaque, d'envie dans les duels, une équipe qui joue sa vie, nous on ne la joue pas aujourd'hui".
- Hubert Fournier (entraîneur de Reims): "Avant le match on aurait signé des deux mains car pour un promu, faire un match nul ici, c'est toujours un bon résultat. Après, sur la physionomie de la rencontre, on aurait envie d'être un peu plus gourmand car je pense qu'il y avait moyen de mieux faire si on avait été plus opportuniste et tueur dans les zones de finition.
- Jean-Louis Triaud (Président de Bordeaux): "On a rien vu. Je me dis que les gens qui sont venus auraient mieux fait de rester chez eux. Je n'ai pas d'explications, des matches de ce type, on en a trop fait dans la saison. Si on veut être optimiste, on dit que les garçons avaient la tête ailleurs, ou alors ils sont incapables de se sublimer quand ils tombent sur une équipe qui a quelque chose à sauver, qui a besoin de points, qui se bat, qui est agressive, qui anticipe, on est incapable d'inverser le cours du jeu. On a joué +pépère+. Si on doit jouer comme ça le reste de la la saison, on va au delà de graves désillusions. Il faudra montrer autres choses. Je n'ai rien dit dans les vestiaires, on a le temps de parler et de toutes façons, j'imagine qu'il n'y a pas besoin de dire grand chose, ils ont eux-même conscience du niveau de leurs prestations. Cela m'inquiète si on doit reproduire le même match à Troyes (en demi-finales de la Coupe de France), ce n'est même pas la peine d'y aller. D'un autre côté, cela me rassure car ils se sont économisés pour ce match"