Une adolescente de 15 ans, vivant à Bressuire, dans les Deux-Sèvres, a été tuée par un requin lundi à l'île de la Réunion alors qu'elle se baignait à moins de 5 mètres du rivage, dans la baie de Saint-Paul, une attaque inédite si près des côtes de l'île.
La jeune fille, équipée d'un masque et d'un tuba, se baignait à proximité du cimetière marin de Saint-Paul, sur un site où la baignade n'est pas surveillée, lorsqu'elle a été chargée par un squale vers 14H15 locales (12H15 à Paris).
L'attaque s'est produite "près du bord, entre 3 et 5 mètres", selon la directrice de la sécurité publique à Saint-Paul, Gina Hoarau.
"Une partie de son corps a été emportée par le squale. Des recherches ont été entreprises par les pompiers, des maîtres nageurs sauveteurs, un hélicoptère de la gendarmerie", a précisé cette responsable.
La jeune fille se baignait avec une autre jeune fille de son âge, qui venait de sortir de l'eau quand le drame s'est produit.
"Les conditions de cette attaque sont surprenantes. On ne pensait pas qu'un requin pouvait venir si près de la côte", a commenté Gina Hoarau.
C'est en effet la première fois qu'une baigneuse est tuée par un requin à la Réunion, toutes les autres victimes ayant été des surfeurs.
La jeune fille, qui vivait avec sa mère en métropole, à Bressuire dans les Deux-Sèvres, était en vacances à la Réunion chez son père, responsable d'un club nautique à Saint-Paul. Une cellule médico-psychologique a été mise en place pour "accompagner les proches de la victime", a précisé la
préfecture dans un communiqué.
La députée-maire de Saint-Paul Huguette Bello et le préfet de la Réunion Jean-Luc Marx se sont rendus sur les lieux du drame.
Série noire
Il s'agit de la seconde attaque mortelle de requin sur l'île depuis le début de l'année, la cinquième depuis 2011.
La dernière remontait au 8 mai dernier, lorsqu'un touriste métropolitain de 36 ans, en voyage de noces, avait été tué à Saint-Gilles, non loin de Saint-Paul, alors qu'il faisait du surf.
Après cette attaque mortelle, le député-maire de Saint-Leu Thierry Robert (MoDem) avait pris un arrêté autorisant la pêche au requin, contre récompense, sur le territoire maritime de sa commune. Mais cet arrêté a été suspendu le 7 juin par le tribunal administratif de Saint-Denis, saisi par trois associations écologistes attachées à la préservation de la réserve marine. Revendication de longue date des surfeurs, il avait été décidé d'expérimenter la pose de drumlines --palangres (dispositifs de pêche) fixes-- susceptibles de piéger les requins, une mesure qui devait s'appliquer
prochainement dans la baie de Saint-Paul.
Le 5 juillet, le préfet avait lui-même tiré la sonnette d'alarme devant l'"augmentation du nombre des observations de requins sur les sites de pratique d'activités nautiques".
Il recommandait "la plus grande vigilance aux usagers de la mer, et plus particulièrement aux pratiquants des sports de glisse".
Les représentants des surfeurs, qui craignent que leur sport ne soit plus praticable à la Réunion, plaident pour que ces requins soient pêchés.
L'année dernière, la série noire avait suscité une vive polémique entre les scientifiques et écologistes d'un côté, et les surfeurs de l'autre sur les moyens de sécuriser la baignade et les activités nautiques.
Plusieurs études scientifiques, dont une grande opération de marquage acoustique, ont été lancées par les autorités locales pour mieux connaître les moeurs de requins qui, selon les associations de surfeurs, se seraient sédentarisés à proximité des plages.
Des mesures de prévention ont été également mises en place pour protéger la pratique de la baignade et des sports nautiques, en particulier par les "vigies-requin" qui, à bord d'embarcation ou dans l'eau, sont chargés de signaler la présence d'un squale.