Sur ses terres deux-sévriennes, la députée et ex-ministre de l'écologie a ironisé sur le gouvernement à qui il "faut trois mois pour démissionner un ministre du Budget suspecté de fraude fiscale et moins de trois heures pour limoger la ministre de l'Ecologie".
Cela s'est passé hier samedi, lors d'un pique-nique avec des sympathisants socialistes à Azay-le-Brûlé (Deux-Sèvres).
L'ex-ministre de l'Ecologie, Delphine Batho, a dénoncé le "traitement de défaveur" dont elle a fait l'objet lors de son limogeage, évoquant "un problème de hiérarchie des valeurs", alors que Jérôme Cahuzac, a-t-elle souligné, est resté trois mois au gouvernement après les premiers soupçons sur son compte caché.
Un problème de hiérarchie des valeurs
"Malheureusement, depuis le 2 juillet, la preuve a été faite qu'il n'y a pas de jurisprudence Batho dans la gestion du gouvernement. J'ai en quelque sorte bénéficié d'un traitement de défaveur" a déclaré la députée des Deux-Sèvres, émue, lors d'un discours d'une dizaine de minutes. Je le dénonce parce quej'y vois un problème de hiérarchie des valeurs lorsqu'il faut trois mois pour démissionner un ministre du Budget suspecté de fraude fiscale et moins de trois heures pour limoger la ministre de l'Ecologie qui dit la vérité sur le budget de son ministère".
Un jugement de cour
L'élue a aussi estimé avoir fait l'objet d'un "jugement de cour", reprenant en souriant la fable de La Fontaine : "Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir". Elle pense avoir déplu parce qu'elle a "défendu une conception de l'État fort face à un certain nombre d'intérêts particuliers et face à certaines puissances économiques". "La transition énergétique, malheureusement, n'est pas compatible avec la rigueur", a dit Delphine Batho qui s'est déclarée "pour le redressement des comptes publics sans sacrifier l'avenir".a-t-elle lancé. "Il y a un an, on était dans l'enthousiasme du lendemain des victoires électorales. Je ne veux pas qu'on soit aujourd'hui dans le temps des déceptions et désillusions parce que je sais qui pourrait en profiter, et en profite déjà, en particulier en milieu rural", a affirmé Delphine Batho."J'ai dit ce que tout le monde pense. J'ai dit ce que disent les ministres en privé. Beaucoup de gens ont le sentiment de ne pas être entendus. Aujourd'hui, je ne me sens pas seule",
Mme Batho a ajouté qu'elle entendait "continuer (son) travail dans la seconde circonscription des Deux-Sèvres et à l'Assemblée nationale dans la majorité" et "continuer à se faire entendre dans la vie politique nationale".