Depuis le 9 mars, une équipe de l'émission de France 3 filme les rues et les édifices de la ville à l'aide d'un drone télécommandé. Les images aériennes seront diffusées en mai prochain.
Un lent travelling à quelques centimètres des fresques du XIIe siècle de l'abbatiale de Saint-Savin, dix-huit mètres du sol. Un petit appareil à hélices bourdonne et revient se poser aux pieds d'un pilote qui tient une télécommande entre les mains. Bienvenue dans les coulisses de Cap Sud-Ouest, qui a posé ses valises à Poitiers le temps du tournage d'une émission consacrée à la capitale poitevine. Pour sa dernière journée de tournage, l'équipe a tourné au Baptistère Saint-Jean, au-dessus du Palais de Justice ou encore à Notre-Dame La Grande.
Que cela soit lors de grands événements sportifs comme le Tour de France, lors de catastrophes naturelles, pour des magazines ou des documentaires, les images aériennes sont de plus en plus utilisées dans les télévisions. Souvent spectaculaires, ces plans qui requéraient autrefois des dispositifs très coûteux deviennent de plus en plus accessibles : selon les prestataires, la journée avec un drone professionnel et un opérateur de prises de vue coûte entre 1 500 et 2 000 euros, moins cher qu'un tournage en hélicoptère (entre 3 000 et 8 000 euros selon les types de tournage).
Pour l'instant, la formation d'opérateurs de prise de vue aux commandes de ces engins légers et très maniables est encore limitée à des sous-traitants : des sociétés de production audiovisuelle spécialisées comme Pixiel, l'entreprise nantaise chargée du tournage de l'émission à Poitiers. Mais les chaînes et les agences de presse commencent elles aussi à intégrer ces exigences dans leurs formations : l'AFP va ainsi expérimenter les prises de vue avec drones en collaboration avec son service photo en Asie. Les chaînes d'information en continu commencent elles aussi à s'intéresser à ces objets volants. Hervé Béroud, directeur de l’information à BFM-TV expliquait ainsi au journal Le Monde :
« Ce type d’images, plus précises et plus intimes, n’existait pas avant les drones. Elles complètent le travail des cameramen au sol ou embarqués dans un hélicoptère, qui permet, à coûts élevés, de survoler une zone de haut et dans son ensemble. »
Attention aux "dronistes" amateurs
Depuis la miniaturisation des caméras, le matériel vidéo s'est démocratisé. L'utilisation de drones civils amateurs pose néanmoins un certains nombre de problèmes : théoriquement, un particulier n'a pas le droit de filmer ailleurs que sur sa pelouse. Il est interdit de survoler les zones habitées avec un tel appareil sans autorisation de la tour de contrôle du secteur. De plus, une licence de pilote d'ULM est le minimum requis, et les personnes qui apparaissent à l'image doivent avoir autorisé leur prise de vue. Un Nancéen de 18 ans s'est ainsi retrouvé poursuivi par la justice pour avoir filmé la ville depuis les nuages : après avoir comparu devant le tribunal correctionnel pour mise en danger de la vie d'autrui, il s'est finalement vu proposer du travail par la municipalité... qui a apprécié son talent et la beauté de ses images.
Pour voir Poitiers de haut, il faudra attendre le samedi 24 mai à 16h20 et regarder Cap Sud-Ouest, sur France 3.