Mesures gouvernementales, cigarettes électroniques, patch ou chimie, rien n'empêchera un fumeur de continuer à fumer s'il n'a pas envie d'arrêter. La cible du tabac: le cerveau. C'est donc sur lui qu'il faut travailler.
L’envie de fumer est identifiée aujourd’hui comme la conjonction de trois dépendances majeures : la dépendance physiologique, liée à la nicotine, et les dépendances émotionnelle et comportementale. C’est la raison pour laquelle, dans les organismes spécialisés, un travail préparatoire se fait « avant » la décision d’arrêter, et un suivi se poursuit « après ».
Le fumeur va d’abord devoir répondre à ces trois questions : pourquoi, quand et comment il fume. Chaque cigarette correspond à la liaison répétitive d’un geste et d’une émotion. Et l’émotion, qui accompagne par exemple un coup dur ou une grande joie, va entraîner le geste et faire rechuter le fumeur.
Une personne qui a arrêté de fumer demeurera malheureusement toute sa vie un ancien fumeur.
Prévenir la rechute...
Les motifs de rechute sont nombreux et varient pour une même personne, comme si elle avait appris à se méfier de l’un pour retomber à cause d’un autre.
Le syndrome du manque de nicotine : il occasionne 78 % des échecs dans les trois premiers mois.
La perte de motivation : même sevré, le fumeur garde la nostalgie de la cigarette.
La prise de poids : un problème qui concerne surtout les femmes, qui n’acceptent pas de devoir se battre, en plus, contre cinq à dix kilos en trop.
Les drames de la vie : maladies, deuils, divorces, chômage… Perdu pour perdu, on rallume une cigarette réconfortante.
Le stress négatif et positif : toutes les contrariétés, tensions, problèmes familiaux ou professionnels conduisent à craquer, mais aussi les moments de grande joie ou de forte émotion.
La convivialité : repas arrosés, moments de profonde détente et souvenirs agréables déclenchent les réflexes conditionnés du fumeur.
Les états dépressifs : la cigarette masque souvent des troubles dépressifs ou anxieux latents que le sevrage va faire apparaître (tristesse, manque d’énergie, perte de la joie de vivre, etc.). Ces troubles seraient plus fréquents chez les récidivistes et en particulier chez les femmes. Une observation qui confirme l’hypothèse d’une action antidépressive de la nicotine.
Pour les médecins, il n'y a pas d'arrêt du tabac sans rechute et il ne faut surtout pas se décourager même après le deuxième voire le troisième essai.
Les explications du Docteur Michel Underner du CHU de Poitiers