A10 : les agriculteurs ouvrent les barrières du péage de Poitiers Sud

Après une manifestation ce matin devant la préfecture de la Vienne, des agriculteurs ont occupé le péage d'autoroute de Poitiers Sud et ont ouvert les barrières aux automobilistes. Ils dénoncent "l'empilement des contraintes" qui, selon eux, entravent leur travail.

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Après les cheminots et les intermittents du spectacle, c'était au tour ce mardi des agriculteurs de faire entendre leurs voix. En Poitou-Charentes et dans toute la France, plusieurs milliers de paysans se sont mobilisés pour dire leur opposition à ce qu'ils considèrent comme une accumulation de "contraintes", en particulier sur les pesticides, accusées d'entraver leur travail. Leur mouvement intervient alors que la loi d'avenir sur l'agriculture revient cette semaine à l'Assemblée nationale.

A 11H00, 15.000 agriculteurs avaient participé à diverses actions dans 85 départements, selon Xavier Beulin, président de la FNSEA, le syndicat majoritaire qui avait appelé à la mobilisation.

A Poitiers, ils se sont d'abord rassemblés dans la matinée devant la préfecture avant d'occuper le péage de Poitiers Sud sur l'A10 dans l'après-midi. Les agriculteurs ont symboliquement distribué des fruits et ouvert aux automobilistes les barrières du péage.


"Un excès de réglementation"

"Il y a une vraie menace due aux excès de réglementation. Ce qu'on dénonce, c'est l'empilement des contraintes", a déclaré M. Beulin à l'AFP.

La FNSEA estime qu'à terme, ces normes pourraient empêcher de "manger français". Dans sa ligne de mire, notamment: le projet d'interdiction des épandages de pesticides à moins de 200 mètres des écoles et autres lieux "sensibles", mais aussi le traité de libre-échange en discussion avec les Etats-Unis, accusé de menacer le modèle alimentaire français.

La mobilisation avait en fait commencé dès lundi soir, devant plusieurs marchés de gros, en particulier celui de Rungis, près de Paris, où plusieurs centaines d'agriculteurs se sont rassemblés, ainsi que devant celui de Marseille.

Ce qu'on veut, c'est qu'on impose aux produits qui rentrent en France les mêmes critères qualitatifs que les nôtres, explique le premier vice-président de la FDSEA du Nord

400 agriculteurs du Centre, de la Nièvre et de l'Yonne, se sont rasssemblés à la sortie du péage de Saint-Arnoult-en-Yvelines, près de Paris, pour contrôler l'origine des denrées alimentaires transportées vers Rungis.

Au marché de gros de Marseille, une centaine de producteurs ont investi les entrepôts d'importateurs de fruits et légumes.

A l'aube, 250 agriculteurs se sont retrouvés sur la place de la Concorde, en plein centre de Paris, où ils ont mis le feu à un tas de palettes et de paille, rapidement éteint par les pompiers.

'Alerter les parlementaires'

Dans le Nord, entre 20 et 40 agriculteurs ont mené une opération matinale de filtrage et de contrôle des camions venant de Belgique, près de Maubeuge.

"Ce qu'on veut, c'est qu'on impose aux produits qui rentrent en France les mêmes critères qualitatifs que les nôtres", a expliqué à l'AFP Jean-Christophe Rufin, premier vice-président de la FDSEA du Nord.

Pour lui, le projet de restriction des épandages de pesticides a été la "goutte d'eau qui a fait déborder le vase".

Des rassemblements ont aussi lieu en Rhône-Alpes, dans le Tarn, le Bas-Rhin, en France-Comté.

Le ministre de l'Agriculture a de nouveau tenté de rassurer les agriculteurs, soulignant sur RTL qu'il n'avait jamais été question d'interdire l'usage des pesticides  "200 mètres autour de toutes les habitations".

"Nous allons travailler, pour la loi d'avenir, sur une solution qui permettra d'avoir un système de protection (...) tels que les haies par exemple. Si ces protections ne sont pas mises en oeuvre, nous devrons réfléchir à la question de la distance vis-à-vis des écoles, crèches et maisons de retraite", a détaillé Stéphane Le Foll.

"La question des distances, nous n'en voulons pas", car cela aurait un impact sur "un tiers de la surface agricole", a réagi Xavier Beulin, souhaitant que le
gouvernement dépose un amendement pour exclure cette question du projet de loi.

Le texte est examiné en commission à l'Assemblée nationale cette semaine. Il passera ensuite en seconde lecture dans l'hémicycle les 7 et 8 juillet.

En Bretagne et Pays-de-la-Loire, les agriculteurs ont d'ailleurs misé sur des rencontres avec les élus, pour "alerter les parlementaires", selon un responsable régional.

Les agriculteurs de la Drôme prévoyaient eux de porter des paniers de produits frais à leurs députés, pour "montrer aux élus la qualité de notre production, (...) menacée par trop de contraintes réglementaires et administratives", ont-ils expliqué.

Alors que la controverse fait rage autour des pesticides, notamment après un épandage qui a provoqué des malaises dans une école de Gironde en mai, une vaste étude scientifique internationale publiée mardi affirme que ces produits nuisent non seulement aux abeilles, mais aussi aux papillons, vers de terre, oiseaux et poissons.

Elle appelle à une suppression progressive des néonicotinoïdes (substances présentes dans certains pesticides) à l'échelle mondiale.
Reportage de Christine de Ponchalon et Luc Barré. Intervenants: Romain Martineau, président Jeunes agriculteurs de la Vienne - Denis Bergeron, président FNSEA de la Vienne - Monique Gaillard, céréalière à Montcontour (86)


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