La très grande majorité des pharmacies et des laboratoires d'analyses seront fermés demain mardi 30 septembre en raison d'un appel à la grève lancé par les syndicats des professions réglementées. Le mouvement s'annonce très suivi et un service minimum est mis en place dans toute la région.
Des pharmacies réquisitionnées
Alors que la grève s'annonce très suivie demain en Poitou-Charentes comme ailleurs, la ministre de la Santé Marisol Touraine a assuré hier dimanche que des réquisitions seront mises en place pour assurer la continuité des soins comme un week-end. L'ARS Poitou-Charentes publie aujourd'hui sur son site la liste des pharmacies de garde département par département."J'ai demandé aux Agences régionales de santé que des gardes soient assurées, comme un dimanche (...) pour que les patients soient assurés de trouver des médicaments dans des pharmacies de garde", a déclaré Marisol Touraine,
"L'immobilisme n'est pas une solution", a commenté la ministre, faisant allusion au projet de réforme des professions réglementées, tout en notant que "des mots utilisés par l'ancien ministre (de l'Economie Arnaud Montebourg, NDLR) ont pu blesser".
"Les Français veulent un pharmacien près de chez eux, la sécurité sur les médicaments et un juste prix", a-t-elle souligné.
Les pharmaciens ne veulent pas de l'ouverture du capital des SEL (société d'exercice libéral) prévue dans le projet de loi et veulent avant tout garder le monopole de la vente des médicaments alors que le gouvernement envisage la vente des médicaments sans ordonnance en supermarché.
Retrouvez ici la liste des pharmacies de garde
Certains médecins également en grève
Les médecins libéraux s'associent à cette journée de protestation organisée par les professions réglementées.Certains cabinets de médecins traitant seront donc fermés. Les malades doivent utiliser les dispositifs de permanence des soins et d'urgence (15). Mais ils risquent fort d'être un peu débordés donc si votre cas ne présente pas un caractère impératif, mieux vaut reporter votre visite.
Les professions appelées à faire grève
Les médecins, dentistes, pharmaciens, mais aussi les notaires et avocats sont appelés à faire grève et à fermer les officines, cabinets ou études mardi par l'Union nationale des professions libérales (UNAPL). Ils protestent contre un projet de réforme des professions réglementées et des rassemblements seront organisés à l'occasion de cette "Journée sans professionnels libéraux".Médecins généralistes et spécialistes sont invités à fermer leurs cabinets par trois syndicats (CSMF, MG-France et le SML) et à participer aux rassemblements. Des syndicats de spécialistes (Le Bloc, pour les chirurgiens, le SNPF, pour les pédiatres, le SNORL pour les ORL) ont rejoint le mouvement. Les médecins s'en prennent surtout au projet de loi santé, attendu pour octobre. Ce projet va placer, selon eux, la médecine libérale sous la coupe de l'administration.
Les dentistes : trois organisations syndicales (la CNSD, l'UJCD-UD et le SFCD) appellent à une journée sans dentiste. Elles craignent la suppression du numerus clausus et surtout que les patients puissent à l'avenir se faire poser des prothèses directement par les prothésistes.
Les pharmaciens sont invités à fermer leurs officines. Outre la "menace" sur la fin de leur monopole sur la vente de médicaments, ils s'opposent à l'ouverture éventuelle du capital des sociétés d'exercice libéral (SEL) et à l'arrivée d'actionnaires non pharmaciens dans leurs officines.
Les laboratoires de biologie médicale risquent eux aussi d'être fermés. Les trois syndicats représentatifs de biologistes médicaux libéraux refusent que "la réalisation des examens de biologie médicale, qui sont à l'origine de 60 à 70% des diagnostics médicaux, soit abandonnée aux mains d'intérêts financiers" si l'ouverture du capital des sociétés d'exercice libéral est retenue dans le projet de loi.
Les kinésithérapeutes : la Fédération Française des Masseurs Kinésithérapeutes Rééducateurs appelle les 64.000 kinés libéraux à fermer leurs cabinets, vexée que leurs revenus aient été pointés dans le rapport de l'Inspection générale des finances. Elle fustige aussi le projet d'ouverture des SEL et la fin éventuelle du numerus clausus. La profession ne sait pas si in fine elle sera concernée par le projet de réforme.
Les kinésithérapeutes : la Fédération Française des Masseurs Kinésithérapeutes Rééducateurs appelle les 64.000 kinés libéraux à fermer leurs cabinets, vexée que leurs revenus aient été pointés dans le rapport de l'Inspection générale des finances. Elle fustige aussi le projet d'ouverture des SEL et la fin éventuelle du numerus clausus. La profession ne sait pas si in fine elle sera concernée par le projet de réforme.
Les notaires : toutes les études sont appelées à fermer leurs portes par le Conseil supérieur du notariat (CSN). Une permanence sera toutefois assurée, "en cas d'urgence", dans les chambres départementales des notaires ou les conseils régionaux des notaires. Les notaires veulent conserver leur tarif, proportionnel au montant des transactions immobilières, refusent la libéralisation des conditions d'installation, et veulent conserver le monopole sur la rédaction et l'authentification des actes.
Les avocats : ils abordent cette journée de mobilisation en ordre dispersé. Le Conseil national des barreaux, instance représentative de l'ensemble de la profession, a appelé à la grève, mais il ne pourra pas compter sur le soutien de l'ordre des avocats de Paris ou du Syndicat des avocats de France (Saf), qui ont appelé à ne pas la suivre. Les avocats sont concernés par la réforme mais les trois points d'évolution envisagés par le gouvernement ne bouleverseraient pas leurs conditions de rémunération.
Les huissiers et les commissaires-priseurs : la Chambre nationale des huissiers de justice (CNHJ) soutient le mouvement mais laisse le choix à ses membres d'ouvrir ou non leurs études mardi. Ils s'inquiètent notamment de la possible ouverture du capital des études à des investisseurs extérieurs. Les commissaires-priseurs, eux, appellent à une "journée morte".
Les administrateurs et les mandataires judiciaires : ils ne peuvent pas faire grève, mais certaines études devraient néanmoins refuser d'accueillir le public. "On traitera les dossiers, mais on peut très bien décider de ne pas recevoir les débiteurs, les créanciers", indique-t-on au Conseil national des administrateurs judiciaires et mandataires judiciaires (CNAJMJ). Tout comme celle des huissiers, la profession s'inquiète notamment de l'ouverture du capital des études à des investisseurs extérieurs.
Les greffiers des tribunaux de commerce : ils ne peuvent pas davantage cesser le travail et les greffes resteront donc ouverts. Ils s'attacheront néanmoins à communiquer à leurs interlocuteurs, juges et usagers, leurs inquiétudes, a indiqué le Conseil national des greffiers des tribunaux de commerce.