Mort de Rémi Fraisse : un rassemblement de soutien s'est tenu lundi soir à Poitiers

Une trentaine de personnes s'est rassemblée lundi soir devant la mairie de Poitiers en souvenir de Rémi Fraisse, le jeune homme de 21 ans, mort lors d'une manifestation sur le site du barrage contesté de Sivens (Tarn). 

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Un rassemblement à la mémoire de Rémi Fraisse, le jeune manifestant de 21 ans mort dans la nuit de samedi à dimanche lors d'une manifestation sur le site du barrage contesté de Sivens (Tarn), s'est tenu lundi soir devant l'hôtel de ville de Poitiers. Les militants, principalement des membres du collectif poitevein contre l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes (44), ont déployé une banderolle devant la mairie.

Images de Brice Baubit

L'avocat de la famille privilégie un 'tir d'arme"

Le rassemblement s'est tenu alors que l'enquête doit encore déterminer les causes de la mort du jeune militant.

L'avocat de la famille de Rémi Fraisse a dit mardi privilégier la thèse d'un "tir d'arme" par les gendarmes pour expliquer la mort de Rémi Fraisse.

"Je m'oriente plutôt vers un tir d'arme, un projectile, flash-ball, grenade, à tir tendu, assez proche, pendant une charge des gendarmes mobiles", a déclaré Me Arié Alimi sur France Info, confirmant qu'il déposerait plainte pour "homicide volontaire" ce mardi matin.

"Moi, c'est ce à quoi les résultats de l'autopsie me font penser au jour d'aujourd'hui. Maintenant, c'est peut-être tout à fait autre chose. C'est le juge d'instruction qui le déterminera", a-t-il ajouté.

Justifiant pourquoi la plainte était déposée pour homicide "volontaire" et non "involontaire", l'avocat a expliqué que les gendarmes sont "des militaires aguerris et savent que, dans certaines conditions, des projectiles tirés peuvent provoquer la mort".

"Des militaires savent parfaitement que cela peut provoquer la mort, il peut y avoir une intention de la donner", a-t-il asséné.

Je m'oriente plutôt vers un tir d'arme, un projectile, flash-ball, grenade, à tir tendu, assez proche, pendant une charge des gendarmes mobiles


Le ministère public "essaie de semer un petit peu la confusion et de dire que le décès de Rémi peut être causé par un cocktail Molotov lancé par les manifestants" lors des affrontements avec les forces de l'ordre sur le site du barrage dans la nuit de samedi à dimanche.

"Ce que je sais, c'est qu'il n'y a pas de brûlures. Un cocktail Molotov provoque des brûlures, donc moi, je fais un postulat de départ, je m'oriente plutôt vers
un tir d'arme". 

Le conseil a jugé "affligeant" que le procureur de la République à Albi, Claude Dérens, n'ait pas ouvert une information judiciaire, ce qui aurait pu "remettre
cette enquête dans les mains d'un juge d'instruction indépendant". 

Dans une conférence de presse donnée lundi à Albi, le procureur a indiqué que les résultats de l'autopsie sur le corps de Rémi avaient montré que sa "plaie importante située en haut du dos a été causée, selon toute vraisemblance, par une explosion".

"Mais le légiste ne peut ni affirmer ni infirmer que l'origine de la plaie proviendrait d'une grenade lancée depuis la zone où les gendarmes étaient retranchés", avait-t-il ajouté.

Cette plainte doit "permettre à un juge d'instruction indépendant de faire toute la lumière sur les circonstances du décès" du jeune manifestant, a déclaré l'un
des avocats de sa famille, Me Arié Alimi. Selon les éléments du rapport d'autopsie présentés par le parquet, Rémi Fraisse a été victime d'une explosion, dont d'autres analyses doivent dire si elle a pu être causée par une grenade lancée par les gendarmes.

Rémi, bénévole botaniste

Rémi Fraisse était étudiant à Toulouse et bénévole botaniste au sein d'une association de défense de l'environnement, Nature Midi-Pyrénées.

Interrogé par iTélé, le père de Rémi, Jean-Pierre Fraisse, a assuré que le jeune homme ne faisait pas partie des radicaux du mouvement et
était allé sur le site "un peu en touriste", "avec sa copine". Selon lui, Rémi y "est allé à mains nues, apparemment, au milieu de tout ça, alors que les gens sont normalement casqués (...) même les manifestants".
Le projet de barrage à Sivens (Tarn) était contesté
Le décès de Rémi Fraisse marque un tournant tragique dans le mouvement de contestation contre le barrage de Sivens (Tarn). Depuis le début du défrichement du site, le 1er septembre, les opposants ont mené toutes sortes d'opérations de guérilla militante pour tenter d'empêcher la destruction d'un réservoir de biodiversité de 13 hectares de "zones humides". Pour eux, ce projet vise à satisfaire des besoins en irrigation surévalués et ne bénéficiera qu'à un faible nombre d'agriculteurs.

Les experts mandatés par le gouvernement ont également critiqué un projet surdimensionné, au coût d'investissement (8,4 millions d'euros) élevé. "Continuer sans rien changer est une erreur", a déclaré l'un d'eux, Nicolas Forray, lundi, devant la presse.

Depuis des mois, le Conseil général du Tarn, maître d'ouvrage, défend ce projet de barrage-réservoir d'1,5 million de m3 d'eau stockée, reconnu d'"utilité publique" et "d'intérêt général".

Mais lundi, son président socialiste, Thierry Carcenac, a dit accepter "les préconisations du rapport des experts" portant notamment "sur une nouvelle répartition de l'eau" et "une amélioration des mesures environnementales".
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