Barrage de Sivens : " Ca va tout changer "

Après la mort d'un jeune militant sur le site du barrage de Sivens lors d'affrontements entre opposants et forces de l'ordre, ses amis ne décolèrent pas. "Aujourd'hui on a la haine" témoigne l'un d'eux en affirmant que ni lui ni son ami ne sont des anarchistes.

L'essentiel du jour : notre sélection exclusive
Chaque jour, notre rédaction vous réserve le meilleur de l'info régionale. Une sélection rien que pour vous, pour rester en lien avec vos régions.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "L'essentiel du jour : notre sélection exclusive". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

"Un pote est tombé" et les forces de l'ordre "l'ont emmené" : Victor Belle était avec Rémi Fraisse quand le corps inanimé du jeune homme a été ramassé par les gendarmes lors d'affrontements avec des opposants au barrage contesté de Sivens. A côté d'une tâche de sang, il raconte ce qu'il a vu.

"On voulait faire en sorte qu'il n'y ait plus de gendarmes sur la zone et arrêter ce chantier", commence par dire Victor, la vingtaine, pour expliquer pourquoi il s'est rendu, dans la nuit de samedi à dimanche "avec plus d'une centaine" d'autres opposants à une extrémité du chantier. Les forces de l'ordre y étaient postées pour garder les cabanes des ouvriers déboisant le site. "Ils avaient des flash-balls. Ils nous visaient. Ils ont commencé à tirer des
lacrymogènes. C'était chaud
", dit le jeune homme, pantalon noir crotté et barbe de plusieurs jours, se présentant comme un militant de la cause écologiste, ayant déjà eu maille à partir avec les forces de l'ordre sur d'autres terrains de "lutte".

"C'était entre 2h et 2h30, on a vu un pote tomber au sol. Les CRS se sont mis à quatre pour le tirer et l'emmener", assure-t-il, en montrant du doigt une tâche de sang rouge sombre, d'une trentaine de centimètres sur vingt, encore présente sur l'argile damée où se sont déroulées les échauffourées. A partir de la tâche, on distingue nettement des lignes parallèles qui peuvent faire penser à celles laissées par deux pieds traînant sur le sol. "Ca a duré jusqu'à 4h00 (du matin) et le lendemain (dimanche), on a entendu qu'il y avait eu un mort. On a direct compris que c'était notre pote".

Selon le procureur d'Albi, Claude Dérens, les gendarmes retranchés dans l'aire de stockage des engins de chantier avaient été "attaqués" par une centaine de manifestants violents qui voulaient "en découdre" et jetaient notamment des cocktails Molotov par dessus les grillages. Les forces de l'ordre avaient alors repéré le corps d'un jeune homme au sol et avaient effectué "une sortie" pour aller le chercher et lui porter secours.



"Ça va renforcer le mouvement"

"Aujourd'hui, on a la haine", lance Victor, dans une colère non retenue. "Et je tiens à dire que notre pote était lucide. Il n'était pas bourré, il n'était pas défoncé", lance-t-il, tout aussi ulcéré par les affirmations selon lesquelles les opposants qui ont affronté les gendarmes seraient des "anarchistes". "C'est faux. On n'a rien d'anarchiste. Je n'ai rien à voir avec cela. Mon pote non plus".

Dimanche soir, la scène du drame n'avait pas encore été visitée par les enquêteurs. "On a balisé la zone nous-mêmes", explique Alain Hébrard, membre de la Confédération paysanne, en montant un grillage autour de la flaque de sang. La mort d'un opposant, "c'était quelque chose qui risquait d'arriver. Pour le moment, on ne désigne aucune responsabilité mais bien évidemment, ce ne serait pas arrivé s'il n'y avait pas eu cette situation", lance le militant de la Confédération, béret rouge vissé sur ses cheveux blancs.

Les affrontements se sont déroulés sur l'ancienne zone humide du Testet, qui abritait 94 espèces protégées, et a été entièrement défrichée. Le sol a été décapé à nu et les ouvriers s'affairaient à la recouvrir d'une épaisse couche d'argile, pour préparer la construction de la retenue d'eau. Pour Fabienne Egidio, membre de l'association d'opposants "Tant qu'il y aura des bouilles", le site "était un cimetière", celui de la zone humide. "C'est maintenant un double cimetière", ajoute-t-elle, en référence à la mort de Rémi.

Sur la scène du drame, une croix de bois, fabriquée à la va-vite, a été plantée. Pour Mme Egidio, la mort du jeune homme ne fera que renforcer la détermination des militants qui étaient déjà plusieurs milliers samedi, pour le plus important rassemblement depuis des mois de mobilisation. "Ca va tout changer, dit-elle. Ca va renforcer le mouvement. Maintenant, on a un martyr".

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information