Il y a environ 700 000 cas de cirrhose en France qui entraînent 10 000 à 15 000 décès par an. Le diagnostic survient en moyenne à l’âge de 50 ans.
Au CHU de Bordeaux, plus de 5000 malades bénéficient sans ponction-biopsie du foie d’une évaluation précise de l’état de leur foie.
Invité plateau : Pr Victor de Ledinghen, chef du service d'hépato-gastro-entérologie, Hôpital Haut-Lévêque, groupe hospitalier Sud, pôle hépa-gastro-entérologie, diabétologie, nutrition et endocrinologie - CHU de Bordeaux
Date de diffusion : Lundi 1er décembre 2014 à 12H
La cirrhose est une maladie chronique du foie. Elle se caractérise par une inflammation chronique qui entraine la destruction des cellules du foie et leur régénération anarchique, sous forme de nodules. La maladie conduit à la perte des fonctions de l’organe et s’accompagne de multiples complications.
Le foie assure de très nombreuses fonctions vitales de synthèse, de stockage et d’élimination. Il stocke le glucose et en produit à partir d’autres substances. Il produit des triglycérides, du cholestérol, ou encore des facteurs de coagulation. Il dégrade le cholestérol, les toxines, les médicaments et les produits potentiellement toxiques pour l’organisme.
Il y a environ 700 000 cas de cirrhose en France, dont 30 % au stade sévère, qui entrainent 10 000 à 15 000 décès par an. Le diagnostic survient en moyenne à l’âge de 50 ans.
La consommation excessive et prolongée d’alcool, les infections chroniques par les virus de l’hépatite B et C, ainsi que le syndrome métabolique (diabète, surcharge pondérale, hypertension) sont responsables de plus de 90 % des cas de cirrhose.
Les complications de la cirrhose sont :
- Les hémorragies digestives en cas de rupture de varice œsophagienne. Il s’agit d’une urgence extrême qui nécessite une prise en charge dès le domicile du patient, ou au moins au cours du transport à l’hôpital.
- L’ascite correspond à une accumulation de liquide dans le péritoine. Elle se développe chez 30 % des patients cirrhotiques.
- La sensibilité accrue aux infections.
- L’encéphalopathie hépatique, parfois appelée troubles de la conscience. Elle se manifeste par des troubles de la personnalité, des anomalies neurologiques qui vont de la confusion au coma.
- L’apparition d’un carcinome hépatocellulaire (cancer du foie).
Il n’existe aucun traitement de la cirrhose. Le seul traitement disponible est le traitement de la cause : arrêt de l’alcool, traitement de l’hépatite B ou de l’hépatite C, traitement du diabète ou de la surcharge pondérale. Le meilleur traitement reste la prévention : éviter de consommer de l’alcool en quantité excessive, vacciner contre l’hépatite B, perdre du poids…
Le service d’hépato-gastroentérologie et d’oncologie digestive de l’hôpital Haut-Lévêque – CHU de Bordeaux, est spécialisé dans le diagnostic et la prise en charge de la cirrhose.
Dépistage non-invasif de la cirrhose : le service d’Hépato-Gastroentérologie et d’oncologie digestive de l’hôpital Haut-Lévêque a créé le premier centre d’Investigation de la Fibrose hépatique au monde.
Dans ce centre, chaque année, plus de 5000 malades bénéficient sans ponction-biopsie du foie d’une évaluation précise de l’état de leur foie, de la gravité de leur maladie hépatique grâce à une prise de sang et un examen non-invasif appelé FibroScan. Ainsi, leur prise en charge est adaptée à la gravité de leur maladie. De plus, ces examens étant indolores, ils sont renouvelés chaque année permettant ainsi de bien suivre l’évolution de la maladie. Ce centre continue d’avancer dans la recherche et dispose maintenant d’une sonde qui permet de mesurer aussi la quantité de graisse dans le foie, au cours du même examen. Or la graisse dans le foie est une cause de l’aggravation des maladies du foie. Cette nouvelle technique a été mise au point à Bordeaux et est commercialisée dans le monde entier. Depuis sa création, ce centre a déjà réalisé plus de 45000 diagnostics.
Traitement de la cause des cirrhoses virales C
Depuis début 2014, au CHU de Bordeaux, trois nouveaux médicaments sont disponibles pour traiter les hépatites C au stade de cirrhose : le Sofosbuvir, le Daclatasvir, le Simeprevir. Dans le Centre Expert Hépatites Virales aquitaine, ce sont déjà plus de 200 malades qui ont pu bénéficier de ce traitement efficace dans plus de 95% des cas sans effets indésirables.
De nombreux nouveaux médicaments sont actuellement essayés au sein du Centre Expert Hépatites Virales Aquitaine avec des taux de guérison proches de 100%.
Les hépatites B et C en quelques chiffres…
Des fléaux mondiaux encore largement sous-estimés
- Un être humain sur 12 est porteur chronique d'une hépatite B ou C, soit 350 millions de personnes pour l'hépatite B et 170 millions pour l'hépatite C.
- L'hépatite B se transmet par voie sexuelle et sanguine, il est jusqu'à 100 fois plus contagieux que celui du SIDA. - Selon l'OMS, deux milliards de personnes dans le monde ont déjà été en contact avec le virus de l'hépatite B.
- Elle compte parmi les 10 infections les plus meurtrières au monde et représente de très loin la première cause de mortalité par cancer du foie à l'échelle mondiale.
- Le virus de l'hépatite C affecte 3% de la population mondiale. Il se transmet par le contact direct avec du sang ou des fluides corporels contaminés, notamment lors du partage de seringues. Chaque année, 3 à 4 millions de personnes sont infectées dans le monde.
- Les hépatites B et C font plus d'un million de morts par an dans le monde.
En France aujourd'hui
Le plan national de lutte contre les hépatites B et C 2009 - 2012 rappelle qu'environ 280 000 personnes sont porteuses du virus de l'hépatite B et 221 000 de celui de l'hépatite C. Et seules 50% des personnes porteuses d'une hépatite ont connaissance de leur statut sérologique.
Source : CHU Bordeaux